Du 17 au 22 décembre 2019, le Consul général du Burkina à Abidjan a effectué une visite de terrain dans la Région du Bounkani, chef-lieu, Bouna. Monsieur Benjamin NANA est allé s’imprégner du vécu quotidien de la communauté burkinabè vivant dans cette partie Est de sa circonscription consulaire. Pour la circonstance, il était accompagné du Conseiller juridique, M. Rasmané CONGO, des Attachés de Consulat, Mme Clarisse SANA/MINOUNGOU, Mamadou KONKOBO et de l’Agent consulaire, Abdoul Aziz SINARE. L’Attaché de Presse de l’Ambassade y était également.

La mission consulaire a installé son quartier général à Bouna, dès son arrivée dans la soirée du 17 décembre. Benjamin NANA a conçu et déroulé son agenda de travail en trois parties : les visites de courtoisie, les rencontres d’informations et d’échanges avec la communauté burkinabè et l’installation de deux nouveaux délégués consulaires à Bouna et à Bondoukou. Le point saillant de son séjour a été la visite aux détenus burkinabè dans la Maison d’Arrêt et de Correction de Bouna.

La courtoisie aux autorités administratives et coutumières

Comme le recommande la tradition africaine, Benjamin NANA et sa délégation ont entamé dans la matinée du 18 décembre par des visites de courtoisie. A cet effet, les visites ont été classées en quatre ordres.
D’abord, les autorités administratives (le Préfet de Région, le Président du Conseil régional et le Maire) ; ensuite les autorités judiciaires (le Procureur, le Président du Tribunal et le Régisseur de la Maison d’Arrêt et de Correction) ; également, les autorités en charge de la sécurité (la Gendarmerie et la Police) ; les autorités coutumières (rois ou chefs autochtones et burkinabè) et enfin les détenus burkinabè à la prison de Bouna.

Auprès de toutes ces autorités de la Région du Bounkani et de la ville de Bouna, Benjamin NANA dit être porteur d’un message de salutations et de remerciements de SEM. Mahamadou ZONGO, Ambassadeur du Burkina Faso près la République de Côte d’Ivoire. Mieux, a-t-il précisé, la représentation diplomatique et consulaire du Burkina apprécie très positivement le travail d’intégration et du vivre-ensemble, surtout, dans la défense et la protection des biens et des personnes. Très émus par ces propos, tour à tour, le Préfet de Région, le Président du Conseil régional, le Maire de Bouna, le Procureur de la République, le président de la section au Parquet du Tribunal de Grande instance, le Régisseur de la Maison d’Arrêt et de Correction de Bouna, les Commandants de la Compagnie et de la Brigade de Gendarmerie, le Commissaire de Police, le Roi Koulango de Bounkani, le roi Malinké des Kamaras, les rois de Bouko, de Ondéfidouo et de Doropo ainsi que les chefs de la communauté burkinabè des localités visitées, ont témoigné leur admiration et promis de toujours jouer la carte de l’harmonie et de la bonne intelligence entre populations autochtones et allogènes. Par cette marque de considération, le Consul général et sa délégation ont réussi un grand coup, à savoir, la haute estime en direction de la communauté burkinabè qui recevait pour la première fois, un Consul général.
Mais, le point inoubliable de cette sortie est sans doute, la visite et l’entretien de près d’une heure entre la délégation consulaire et les Burkinabè détenus dans la Maison d’Arrêt et de Correction de Bouna. Estimés à 71 personnes dont une femme, ces Burkinabè en privation de liberté, ne croyaient pas un jour recevoir une telle visite. Aussi, ont-ils saisi cette ultime occasion pour soumettre trois doléances au Consul général : primo, des vivres, car la ration carcérale est insuffisante ; secundo, des médicaments pour des soins ; tertio, l’accélération dans le traitement de leurs dossiers, c’est-à-dire, une assistance judiciaire, parce qu’on a recensé des prévenus en détention de plus de six ans sans procès. C’est d’ailleurs, le cas de l’unique femme qui ne sait à quel saint se vouer pour être jugée.
En somme, un cri de cœur à tous ceux qui peuvent laisser parler leur cœur, même si en se rendant dans ces lieux, le Consul général a apporté deux sacs de 50kg de riz et un bidon d’huile de 50 litres. Un geste très apprécié à sa juste valeur par le Régisseur de la prison mais qui apparaît comme une goutte d’eau dans la mer.

Le certificat de résidence, le souci majeur des Burkinabè

Après les visites de courtoisie, l’agenda du Consul général était consacré à des séances d’informations et d’échanges avec la communauté burkinabè basée respectivement dans les villes de Bouna et de Bondoukou et dans les villages de Ondéfidouo (45 km de Bouna), de Bouko (35 km) et de Doropo (75 km).
A l’entame de chaque rencontre, une minute de silence est observée en mémoire des victimes du terrorisme au Burkina Faso. Après cela, Benjamin NANA introduit les échanges par le message de salutations de l’Ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire. Ensuite, dans un exposé très limpide, le Conseiller juridique décline les missions du Consulat général. Puis, Benjamin NANA et Rasmané CONGO procèdent aux conseils d’usage. Ce qu’il faut avoir comme documents d’identité et ce qu’il ne faut pas sur le territoire ivoirien.
Comme documents administratifs et d’identité, recommandation a été faite à chaque Burkinabè résidant en Côte d’Ivoire, d’avoir un extrait ou un jugement supplétif d’acte de naissance, une carte d’identité consulaire délivrée par les consulats généraux du Burkina à Abidjan, Bouaké et Soubré,
Pour les Burkinabè qui souhaitent voter lors de l’élection présidentielle qui aura lieu en 2020 au Burkina Faso et dans les Ambassades et Consulats généraux du Burkina à l’étranger, il leur faut, obligatoirement, la carte nationale d’identité burkinabè ou le passeport ordinaire burkinabè. A cet effet, une deuxième mission consulaire spéciale est attendue du 05 au 21 janvier 2020 dans les trois Consulats généraux du Burkina en Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké et Soubré) pour l’établissement de la carte nationale d’identité au coût de 2.500F ou du passeport ordinaire à 50.000F.
En ce qui concerne le code de bonne conduite, Benjamin NANA a insisté et réitéré à ses compatriotes, le respect des autorités administratives et traditionnelles, l’observation stricte des lois, coutumes et us de leurs tuteurs.
Au titre des interdictions, il a recommandé l’abandon des trafics d’enfants, l’orpaillage clandestin, l’occupation des forêts classées. Il a également rappelé aux uns et aux autres de se démarquer des joutes électorales et politiques en cours en Côte d’Ivoire.
Enfin, comme recommandations fermes, il a appelé ses compatriotes à scolariser leurs enfants, garçons comme filles, à la cohabitation harmonieuse, à la solidarité et l’assistance mutuelle, à renforcer l’amour pour la mère-patrie et à inculquer aux enfants le civisme.

A l’issue des exposés, la phase des questions-réponses s’est cristallisée sur les tracasseries relatives à l’exigence de certificat de résidence et les rackets à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. En guise de réponses, le Consul général a promis de saisir qui de droit pour mettre fin à cette pratique qui semble avoir la peau dure. Ces deux soucis majeurs (certificat de résidence et rackets) perturbent énormément le sommeil de la Représentation diplomatique et consulaire burkinabè. Surtout, le certificat de résidence qui n’est nullement pas un document de voyage ou de circulation.

Installation des délégués consulaires de Bouna et de Bondoukou

Le séjour de Benjamin NANA et sa délégation dans les Régions du Bounkani et du Gontougo a pris fin par l’installation des délégués consulaires de Bouna et de Bondoukou. En effet, ces localités n’avaient pas de délégués consulaires. Benjamin NANA et Rasmané CONGO ont expliqué à la communauté le rôle du délégué consulaire. Auxiliaire du Consulat général, le délégué consulaire a pour mission essentielle, l’assistance auprès de ses compatriotes dans les actes administratifs. C’est un agent bénévole qui accepte d’être l’interface entre le Consulat général et la communauté burkinabè
A Bouna, c’est à la suite d’un consensus au sein de la communauté que Adama SANGARE a été choisi comme délégué consulaire pour un premier mandat de cinq ans. Il en a été ainsi à Bondoukou où Issa SIDIBE a été désigné délégué consulaire de cette ville aux mille mosquées. Ils ont aussitôt été installés respectivement à Bouna pour Adama SANGARE dans la matinée du 21 décembre et à Bondounkou pour Issa SIDIBE dans la soirée par le Consul général. Désormais, Bouna et Bondoukou disposent des auxiliaires pour l’enrôlement des Burkinabè en quête de cartes d’identité consulaires, l’acquisition de documents d’état-civil, etc. Fini donc, le calvaire pour se rendre à Abengourou ou à Abidjan.
Cette sortie qui est la deuxième après la première effectuée en début décembre dans la Région du Sud-Comoé (Aboisso et ses villages environnants) fait partie des toutes premières actions du Consul général du Burkina à Abidjan, qui a pris fonction en mars 2019. Benjamin NANA entend ainsi marquer la présence de la Représentation consulaire auprès des Burkinabè vivant dans sa juridiction.

Issouf Zabsonré
Attaché de Presse
Ambassade du Burkina
Abidjan