L’opposition politique a tenu sa traditionnelle conférence de presse hier 24 décembre au siège du chef de file de l’opposition politique (CFOP). Au menu, l’arrestation de Kémi Seba, l’IUTS, la nouvelle monnaie ECO et le financement de la construction de l’école politique du MPP par le parti communiste chinois, à hauteur de 300 millions de F CFA. Les conférenciers du jour étaient Jean Hubert Bazié, de l’ESPOIR et Yumanli Lompo, président du PNDS.

Les deux conférenciers ont d’emblée rappelé que le 24 décembre 2019 coïncide avec le 358è jour du drame de Yirgou et que la vérité et la justice pour "les 210 citoyens de la communauté peule massacrés » tardent à voir le jour.
S’exprimant sur l’arrestation de Kémi Seba après ses propos injurieux tenus sur le président du Faso, Jean Hubert Bazié estime "que le pouvoir du MPP est tout simplement victime de son hypocrisie et de son double jeu avec la France".
Selon lui, Kémi Seba a dit vrai en parlant d’incompétence, d’inconstance et de manque de fermeté du président du Faso. « Kémi Seba a utilisé le même registre de vocabulaire hors de nos frontières, et cela n’avait pas gêné le président Roch Marc Christian Kaboré qui lui avait ouvert malgré tout, les portes de son palais. Le régime a cru pouvoir utiliser Kémi Seba comme objet de propagande », a-t-il commenté.
L’opposition estime toutefois que de par ses propos, Kémi Seba a manqué du respect à l’ensemble du peuple burkinabè, chose qu’elle condamne.
Sur l’IUTS et les indemnités des agents du secteur public, se basant sur le compte-rendu de l’unité d’action syndicale (UAS) qui conclut que l’application de cet impôt aura des conséquences allant de 6 000 à plus de 175 000F pour les catégories P à B et de 1 000F à plus de 5 700F pour les catégories inférieures, le CFOP considère injuste cette réforme. « Nous déclarions que cette décision à l’IUTS vise en fait à diminuer les salaires des fonctionnaires pour boucher des trous creusés par les dirigeants », a déclaré Jean Hubert Bazié, relevant que paradoxalement, "le MPP a octroyé des exonérations fiscales à hauteur de 200 milliards de F CFA à ses amis du secteur minier", sans oublier les "caisses noires", les fameux fonds spéciaux "qui contiennent près de 250 milliards de Francs CFA, soit près du dixième du budget annuel de l’Etat".
Pour ce qui est de la monnaie de la CEDEAO dénommée ECO , l’opposition note que cette création est un premier pas symbolique vers l’indépendance monétaire des pays de l’UEMOA. Toutefois, selon elle, l’arrimage à la même monnaie, l’Euro, pose toujours des problèmes. « L’autre grande préoccupation, c’est le fait que les pays de l’UEMOA doivent faire en sorte que les autres pays de la CEDEAO puissent entrer dans le projet ECO, pour donner à cette monnaie du poids et de l’envergure", s’inquiètent les deux conférenciers.
Ils considèrent néanmoins que la création de l’ECO est une avancée positive, mais insistent pour qu’au delà des symboles, "il faut travailler à décoloniser les esprits".
Enfin sur les relations entre la Chine et le Burkina, les conférenciers du jour estiment qu’il y a une privatisation de ces relations au profit du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) alors que les retombées devraient profiter au peuple burkinabè.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net