Le handicap n’est pas une fin en soi, tel est le leitmotiv de Donessoune Yacouba, handicapé moteur et entrepreneur burkinabè. A la tête de l’Etablissement Donessoune Yacouba et Fils –WendPuiré (EDYF-WP), il ne manque pas une occasion de plaider la cause des personnes soufrant de handicap.

Teint noir épaules larges et chemises carrelée laissant imaginer des bras musclés, c’est ainsi que nous avons trouvé Yacouba Donessoune derrière son Bureau de PDG, avec, posée à coté de lui la photo encadrée du “Mogho Naaba“, l’empereur des mossés, l’ethnie majoritaire au Burkina. Il en est un fervent admirateur. L’humilité, c’est ce qui le caractérise le mieux, lui qui s’étonne que l’on s’intéresse à lui. D’une famille polygame très nombreuse et handicapé suite à une maladie dès son jeune âge, Donessoune Yacouba a été pendant longtemps habitué a être ignoré voire méprisé. Il a du mal a évoqué cette partie de sa vie mais confie que les conditions d’existence dans le Koulpélgo dont il est originaire devenant difficile, il a décidé de rallier Ouagadougou la capitale du Burkina le 8 Mars 1998 précise t-il.
La solitude est le sentiment qu’il connaitra le plus à Ouagadougou, vivant de la charité, il connaitra aussi la méchanceté des Hommes et le mépris de la personne handicapée. C’est de cette période que lui vient sa consommation de noix de cola. “Si je croque la noix de cola, c’est parce que cela m’aide à supporter ce que autrui peut me faire ; ca calme ma douleur “, explique t-il. Il se refugiera dans la foi en Dieu en se disant que ce n’est pas parce qu’il est handicapé qu’il doit en vouloir à Dieu. Il explique que si Dieu ne voulait pas de lui, il lui aurait ôté la vie. Il commence ses activités commerciales en vendant de la friperie à l’aide de l’argent qu’il a pu glaner ça et là. Je suis handicapé moteur mais je peux travailler toute la journée sans m’arrêter ; je n’ai pas de loisir ; je ne peux pas jouer au football par exemple parce que je n’ai pas de pied. C’est à la force du poignet que Donessoune Yacouba va se construire, en ouvrant une boutique de vente de motocyclettes à Ouagadougou, puis une deuxième, puis trois et il ne s’arrêtera plus ; aujourd’hui sa société est implantée dans plusieurs villes du Burkina et emploie environ 150 personnes.
Agé seulement de 38 ans, Yacouba Donessoune est un nom qui compte aujourd’hui au Burkina. Son entreprise EDYF-WP est l’un des leaders nationaux de la distribution de cycles, de meubles et d’électroménagers. Marié à deux femmes et père de 06 enfants dont 04 garçons, son premier fils est âgé de 10 ans. C’est quand mon premier fils aura l’âge de prendre ma relève que je pourrai donner encore plus de détails sur la mise en place de mon entreprise et vous saurez alors combien cela a été difficile. Pour l’heure, j’envisage mettre en place une usine de cycles au Burkina. Il dit vouloir Bien faire pour que les gens sachent que la personne handicapée peut aussi bien travailler et réussir ; Il déplore le fait que les parents ne veulent pas envoyer les enfants handicapés à l’école. “Moi même si j’avais été à l’école j’aurai pu mieux gérer mes affaires“. Il invite donc les gouvernants, à prendre en charge les frais de scolarité de tous les enfants handicapés pour qu’ils puissent être autonome, voire même aider les autres. Yacouba Donessoune héberge dans sa grande demeure à la zone du bois, l’un des quartiers les plus huppés de Ouagadougou, 40 personnes au quotidien. C’est en souriant qu’il nous confie qu’un sac de riz ne fait que trois jours chez lui ; mais c’est si bien de se sentir utile. Il a quitté son tricycle pour une grosse cylindrée avec chauffeur. Il a quitté la rue ou il dormait parfois pour une villa cossue alors “mon entreprise, c’est “Wenpouiré“, ce qui signifie : la part que Dieu m’a donné“.

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