Educateur social, Hervé Ouattara a été affecté le 24 décembre 2019 à la Direction régionale de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire du Sahel. Pour certains, dont l’auteur du texte-contre, cette affection répond plus à un règlement de compte politique qu’à un simple acte administratif de mutation d’un fonctionnaire amené à servir dans tous les coins du pays.

Par décision N° 2019/000144 /MFSNFAH/SG/DRH du 24 Décembre 2019, Madame Faty OUEDRAOGO/ZIZIEN, (Commandeur de l’Ordre de l’Etalon, signant par délégation de son Ministre, en sa qualité de Secrétaire Générale) a, d’un trait de plume, procédé à l’affectation arbitrairement incroyable, entre autres fonctionnaires, de Monsieur Hervé OUATTARA Matricule 97 797 E, Educateur Social, initialement en poste à ce ministère (dont il n’avait pas encore pris fonction avec passation de service à la Direction Générale de la Femme et du Genre) en le « catapultant » à la Direction Régionale de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire du Sahel.
D’office, s’agissant de ces affectations politiques et arbitraires, ceux qui sont de mauvaise foi diront que lorsqu’on est fonctionnaire, on est appelé à servir dans les quatre points cardinaux du Burkina Faso même si le terrorisme et les déplacements massifs de populations burkinabè font rage dans cette partie nord de notre pays. Pourquoi eux et pas les autres, pourquoi les autres et pas eux ?
L’intéressé ne s’est d’ailleurs pas trompé sur cette parfaite mauvaise foi des auteurs de l’acte administratif contestable en publiant instantanément sur sa page Facebook les termes suivants : « Je suis fier d’être affecté au Sahel pour servir ma nation. Et si le MPS venait au pouvoir, le 1er Conseil des Ministres aura lieu au Sahel contrairement à ceux qui pensent que le Sahel est un asile ou purgatoire pour fonctionnaires mal-aimés ! Nous comprenons maintenant comment le Sahel est perçu et délaissé sur la base des préjugés par certaines autorités gouvernementales… »
La messe est dite et d’ailleurs bien dite par Monsieur Hervé OUATTARA dont le courage légendaire n’est plus à démontrer dans la mesure où ce bonhomme s’est retrouvé à Kossyam, face à face avec le Général DIENDERE et le Président Blaise Compaoré pour « négocier » la démission de Blaise COMPAORE.
Il y était d’ailleurs contre à la fin de la discussion, mais hélas, à sa sortie de cette négociation inédite, la foule des grands jours à l’instar du cas de Robespierre, ne savait même pas que la démission du Président Blaise COMPAORE aurait eu les conséquences actuelles des 700 morts et des 500 000 personnes déplacées... Monsieur Hervé OUATTARA est aujourd’hui récompensé en monnaie de singe par le MPP en bon « bienfaiteur » ! A qui a profité le départ du Président Blaise COMPAORE ? La politique est détestable par ces aspects machiavéliques, croyez-moi.
Au-delà de cette « parodie politique », c’est la manière avec laquelle cette décision d’affectations arbitraires de Monsieur Hervé OUATTARA et de ses collègues a été prise.
En effet, avant même que les intéressés ne soient officiellement informés de leur affectation respective et pour M. OUATTARA à la Direction Régionale du Sahel, les réseaux sociaux s’étaient déjà emparés de cette affectation tragique. Certes, il y’a actuellement du boulot dans le Sahel avec les nombreux déplacés et tueries quasi quotidiennes dans le nord.
Mais de là, à publier sur les réseaux sociaux de telles affectations avant même que les intéressés n’en soient informés, cela est indigne d’une administration au service d’un parti politique au pouvoir, le MPP.
Si on ajoute à cette honteuse publication anti républicaine sur les réseaux sociaux le fait que Monsieur Hervé OUATTARA n’avait même pas encore pris effectivement service, (ayant été cantonné à ce ministère dans un bureau avec une chaise pour ne pas dire un placard), on ne peut s’empêcher de penser que cette affectation revêt indubitablement un caractère politique. Et pour cause, les récentes fausses accusations dans le dossier de Kemi SEBA…
C’est le lieu de fustiger fermement la « politisation » à outrance de l’Administration publique burkinabè.
En effet, alors même que l’Administration publique burkinabè doit impérativement rester neutre avec pour unique serment de servir la nation et ce, quelle que soit la couleur politique du parti au pouvoir, force est de constater que, le plus souvent, même au niveau des choix à porter sur le parti politique à même de gérer convenablement le Burkina, certains fonctionnaires attendent de voir de quel côté va basculer l’élection avant de se porter massivement, sûrement par opportunisme, sur tel parti favori, le plus souvent le parti au pouvoir.
Cette malheureuse posture est une imposture administrative et participe nécessairement d’une carence de conscience politique de la part de ces mêmes fonctionnaires qui sont pourtant dotés d’une grande intelligence mieux que nos compatriotes de nos campagnes et villages qui n’ont pas eu cette chance et à qui d’ailleurs il est difficile de leur reprocher d’être du bétail électoral. Et les partis politiques savent bien profiter d’une telle situation pour ne pas révéler au grand jour leur incapacité congénitale à la gestion du pouvoir d’Etat.
Certains de ces fonctionnaires perçoivent même la fonction publique comme un plan de carrière mais qu’ils ne s’étonnent pas de leur galère en cas de changement de pouvoir politique et c’est justement ce qu’il faut éviter en faisant de l’administration burkinabè un lieu pour servir invariablement les citoyens et non un lieu de règlement de compte politique.
C’est bien ce que Monsieur Hervé OUATTARA a parfaitement compris en manifestant sa fierté de « servir le peuple du Sahel ».
« N’arrive à l’homme que ce que Dieu a permis » pour paraphraser le président Guillaume SORO et, peut-être, est-ce la voie royale pour ce serviteur de l’Etat qu’est Monsieur Hervé OUATTARA de se hisser au firmament d’une action gouvernementale salvatrice pour notre peuple dans sa composante du Sahel. Celui qui survivra à cette situation socio-politico-économico-sécuritaire chaotique actuelle sous le régime du Mpp verra.

Paul KERE,
Docteur en Droit de L’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Avocat au Barreau de Nancy et du Burkina Faso
Chevalier de l’Ordre National