Le journaliste qui se lance en politique, devient « un propagandiste » ne pouvant plus exercer sereinement, sa première profession, a affirmé samedi, le philosophe et universitaire Pr Mahamadé Sawadogo.

« Une fois que le journaliste est en politique, c’est pour d’abord servir la cause de l’équipe à laquelle il appartient. Il se transforme davantage en communicateur qu’en journaliste. Il devient un propagandiste ou un agitateur. Ce n’est pas négatif mais à condition qu’on l’assume », a déclaré samedi, Pr Mahamadé Sawadogo.

A titre d’exemple, « Lénine (Russie) a montré combien le travail d’agitation et de propagande est important dans la politique révolutionnaire », a ajouté l’universitaire.

Le philosophe s’exprimait lors d’un panel organisé par l’Observatoire burkinabè des médias (OBM) sur le thème : « journalisme et politique ».

D’après Pr Sawadogo, « le journaliste politique » a pour « noble mission » de fournir des éléments aux citoyens afin qu’ils forgent leurs propres opinions sur l’action politique.

« Le communicateur politique » travaille pour un groupe d’intérêt qui cherche à influencer l’opinion pour faire accepter ses idées ou ses programmes, a-t-il ajouté.

Toutefois, le journaliste peut jouer la médiation entre les dirigeants et les citoyens, à condition que leurs intérêts se rencontrent, a assuré M. Sawadogo.

Sauf que le plus souvent, le politique copte le journaliste tantôt pour son expertise en communication tantôt pour renouveler ses ressources humaines, a soutenu l’enseignant.

« Résister à la fascination du pouvoir et à la séduction que le politique exerce sur le métier, c’est un défi qui est lancé à tout journaliste sérieux et qu’il gère tout au long de sa vie », a indiqué M. Sawadogo.

Guezouma SANOGO
Pour le philosophe, le journaliste qui mord à l’appât peut difficilement faire marche arrière.

« Quand vous passer à la politique, d’une certaine manière, vous êtes condamnés à y rester. Si vous revenez à votre métier de journaliste et que vous voulez continuer à l’exercer avec la même éthique et la même déontologie, vous allez vous retourner contre vos propres anciens compagnons.

Votre position sera d’autant plus dangereuse qu’après les avoir fréquentés, vous en savez beaucoup sur eux. (…) Vous risquez de glisser dans la position non pas seulement de l’adversaire mais peut-être de l’ennemi », a-t-il expliqué.

Le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) Guezouma Sanogo est longuement revenu sur des cas précis où des journalistes ont et continuent de soutenir des chapelles politiques.

M. Sanogo a invité ces journalistes à avoir « le courage » de s’afficher.

Le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC) Siriki Dramé a fait l’historique de la lutte syndicale et de la répression qui s’est abattue sur les journalistes, opposés à la censure et à la dictature.

Le président de l’OBM Cheick Ahmed Koné a exhorté les journalistes à faire preuve d’impartialité et à observer les règles éthiques et déontologiques, afin de contribuer dans quelques mois, à des élections apaisées.

Agence d’information du Burkina