En l’espace de quelques années, les véhicules d’occasion, communément appelés ‘’France au revoir " ont envahi les routes de la capitale burkinabè et sont de plus en prisés par une classe moyenne à la recherche de nouveaux modes de consommation. Sauf que l’affaire comporte aussi ses revers. Et le désir de rouler en voiture peut parfois se transformer en un véritable parcours du combattant pour le principal concerné. Un rapide tour dans quelques points chauds de Ouagadougou nous en a donné quelques éléments de compréhension. A travers trois expériences. Trois infortunes. *

Pauline n’en revient toujours pas de ce qu’il lui est arrivé au sujet de son projet d’achat d’un véhicule "France au revoir". Et dire que l’affaire date pourtant d’il y a déjà quelques années. Pour elle, le feuilleton commence le jour où, contactée par l’un de ses correspondants européens, elle décide de tenter l’expérience. Sans hésiter, confiance absolue en son correspondant, elle débloque sans hésiter les 5 millions de FCFA nécessaires à l’achat de sa voiture.
Celle-ci est alors embarquée dans un contenaire, via le port d’un pays européen, direction le port autonome de Lomé au Togo. Sauf qu’une fois arrivé à destination, point de véhicule à bord du conteneur. C’est donc une mobilisation générale qui s’engage aussitôt pour retrouver la trace du colis. Et au bout de quelques semaines, les premières informations sérieuses commencent à tomber : le véhicule aurait ainsi été débarqué par erreur en cours de chemin. Mais où ? Aucune certitude.
Ce n’est que 24 mois plus tard et aux termes d’ultimes tractations avec son fournisseur, qu’un nouveau véhicule sera acheté en remplacement du premier, puis renvoyé au destinataire. Celle-ci se dit contente de l’issue heureuse trouvée à cette affaire.
Sauf qu’il n’en est pas toujours ainsi pour tout le monde. C’est le cas de Gabriel, cadre dans une institution de la place. Il y a trois ans de cela, il s’est fait livrer un véhicule qui est certes, la marque qu’il avait choisie dès le départ. Sauf que le véhicule en question n’est pas tout à fait conforme à celui auquel il s’attendait.
En effet, alors qu’il avait fait le choix d’un véhicule en mode manuel, c’est finalement une voiture en option « automatique » qu’il reçoit. Colère indescriptible de l’intéressé qui refuse de réceptionner la marchandise. Finalement, c’est un nouveau prototype qui lui sera livré quelques mois plus tard. Et cette fois-ci, conformément à ce qu’il avait exigé au départ de la transaction.

Pour Wendyam, par contre, l’affaire a pris une tournure conflictuelle puisque la justice s’en est mêlée. Et pour cause. Informé depuis Lomé que la voiture qu’il avait commandée était arrivée à bon port, après avoir déboursé près de 9 millions de CFA pour se l’offrir, il confie à l’un de ses hommes de confiance la mission de la ramener à Ouagadougou. Sur place, tout se passe bien, mais une fois à bord du véhicule, et plutôt que de prendre la direction de Ouagadougou, l’indélicat préfère traverser la frontière ghanéenne où il ne se gênera pas pour brader la voiture à un autre client, avant de disparaître dans la nature.
Apres maintes recherches et des plaintes déposées dans un commissariat de la place l’escroc sera finalement arrêté et emprisonné avant d’être relaxé peu de temps après, contre la promesse de rembourser intégralement l’argent dû à son ancien client et associé.
Selon un policier qui a requis l’anonymat, les affaires de ce genre qui concernent le plus souvent les arnaques sur le véhicule ou encore la falsification de documents, la tromperie sur l’âge réel, sont de plus en plus courantes. Il n’est pas rare de voir parfois des amis se traîner devant les tribunaux pour une question de sous ou de tromperie supposée. Malheureusement, rien ne dit que les choses vont s’améliorer. Bien au contraire, l’intensification de l’activité de vente de voitures et l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs toujours plus désireux de gagner des parts de marchés, engendre forcément des situation de conflits entre cocontractants.

* Les prénoms sont des pseudonymes pour préserver l’anonymat des personnes citées.

Juvénal Somé
Kaceto.net