C’est l’une des décisions les plus importantes du conseil des ministres tenu aujourd’hui au palais de Kosyam : la suspension pour cause de Coronavirus, de toutes les manifestations d’envergure nationale sur l’ensemble du territoire national jusqu’au 30 avril 2020. Une mesure de prévention après que le couple Karambiri, de retour de Mulhouse où il avait participé à une grande cérémonie de prière, ait été testé positif le 9 mars 2020, puis interné à l’hôpital de Tengandogo.

Face à l’ampleur des infections du COVID19, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’a déclaré pandémie mondiale et a recommandé à chaque pays de mettre en place un plan de riposte. Au Burkina, un plan de préparation et de riposte a été élaboré en concertation avec les ministères concernés, les partenaires techniques et financiers et les ONG intervenant dans le domaine de la santé publique. Objectifs : accroître les capacités des intervenants dans la surveillance des points d’entrée ; prendre en charge des cas de COVID-19 ; promouvoir les mesures de prévention et de contrôle de l’infection dans les structures sanitaires et dans les communautés et renforcer la coordination intersectorielle.

Selon le compte rendu du conseil des ministres, le ministère de la Santé a entamé le processus d’identification des personnes ayant été en contact direct avec le couple Karambiri, environ 123 personnes. Les agents du ministère se rendront au domicile de ces personnes pour les examiner. Reste que près de 7000 personnes s’étaient rendus au culte le 8 mars dernier au temple où officie le pasteur Mamadou Karambiri. Invitation leur est faite de se rendre dans les services désignés par le ministère pour se faire examinées.
Pour faire face à la menace, un conseil de coordination de la mise en œuvre du plan de préparation et de riposte à la pandémie est mis en place et présidé par le premier premier ministre, Christophe Dabiré.
L’autre mesure de prévention prise en conseil des ministres est la suspension jusqu’au 30 avril 2020 de tout événement d’envergure sur l’étendue du territoire national.
Dans la foulée, plusieurs manifestations ont été annulées, dont la semaine de la culture qui devait se tenir du 28 mats au 4 avril à Bobo-Dioulasso et qui est reportée à une date ultérieure. La ministre de la Santé, Claudine Lougué a toutefois indiqué que la suspension des activités ne concerne pas les lieux de culte.

Dans le combat contre la pandémie, le ministère accorde une place particulière aux opérations de communication. C’est ainsi que hier après-midi, les services techniques ont tenu une rencontre d’information sur le coronavirus avec les journalistes. Le docteur Jean Charlemagne Kondombo, médecin de santé publique et Incident Manager pour le Covid-19, autrement dit, celui qui coordonne la réponse du gouvernement face au virus, a expliqué les mesures pratiques que tout citoyen doit respecter pour éviter la propagation de la pandémie.
Il faut notamment éviter au maximum les contacts physiques, se laver les mains avec du savon ou utiliser une solution hydroalcoolique, se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir avant de tousser ou d’éternuer. En cas de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires, consulter dans un centre de santé, éviter les contacts avec les animaux et la consommation de produits d’origine animale crus ou mal cuits, éviter les crachats à terre, éviter les contacts rapprochés avec les personnes présentant une toux et un rhume.
Contre les rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux et qui laissent croire que le COVID-19 n’est qu’une maladie de "Blanc", il rappelle que le coronavirus n’est pas une maladie de pauvre ou de riche. Il a demandé à la population de ne pas s’affoler car rassure t-il, " si on suit bien les consignes de protection, on pourra faire barrière à ce virus au Burkina".

En début de soirée, la ministre de la Santé, Claudine Lougué et ses proches collaborateurs ont rencontré les partenaires internationaux susceptibles d’apporter un soutien aux efforts du gouvernement contre la maladie. A l’occasion, le chef de service du système d’information et de communication au centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires, Simon Sanou a présenté le plan de riposte du gouvernement et les opérations prévues à court,moyen et long terme.
Ainsi, 12 points d’entrée et trois sites de prise en charge ont été créés permettant d’assurer un suivi durant 14 jours des personnes venant de l’étranger.
A l’hôpital de Tengandogo où le couple Karambiri est interné, 16 lits ont été spécialement mis en place pour faire face à d’éventuels cas, mais le nombre reste insuffisant.
Il a indiqué l’urgence de disposer d’une ambulance pour l’aéroport de Bobo-Dioulasso, de sacs mortuaires et de gel hydro alcoolique en quantité et en permanence pour réussir les mesures de prévention.
Face à l’urgence, les services des douanes ont allégé le parcours pour sortir les produits destinés à lutter contre la pandémie.
La ministre de la Santé a surtout insisté sur l’urgence de protéger d’abord le personnel de santé afin qu’il puisse être opérationnel et prêt à soigner les malades.

Depuis son apparition, le COVID-19 en décembre 2019 en Chine, 121 061 personnes ont été testées positifs dont 99% en Chine. 4368 décès ont été enregistré dont 3046 en Chine.

Dominique Koné Frédéric Tianhoun
Kaceto.net