Faut-il prescrire l’association chydroxychloroquine-azithromycine pour soigner les malades du COVID-19 ? Le sujet divise les médecins, chercheurs et enseignants dans de nombreux pays. Au Burkina, alors que le président de l’ordre des médecins, Pr Charlemagne Ouédraogo a recommandé aux médecins de "s’abstenir de toute prescription de la chloroquine dans l’objectif de traiter des cas suspects de Covid 19" parce que "l’étude n’est pas validée au point de justifier son utilisation à grande échelle", un médecin traitant nous a contactés pour s’inscrire en faux contre la "prescription" du président de l’ordre. Pour lui, rien ne justifie cette posture attentiste !

Allo ! Je suis bien chez Kaceto.net ?
Oui monsieur !
Je suis le docteur Bangba* et vous vous appelle au sujet de la déclaration du président de l’ordre des médecins du Burkina que vous avez publiée concernant la prescription de la chloroquine aux malades du COVID-19. (https://www.kaceto.net/spip.php?article8111)

Y a t-il un problème ?

Oui, il y a un problème. Je ne suis pas du tout de l’avis du président de l’ordre des médecins et je n’ai pas donné une suite favorable à son appel. J’ai prêté le serment d’Hippocrate et cela m’interdit de refuser de prescrire une substance ou une molécule qui peut sauver mon patient sous prétexte que le président de l’ordre des médecins n’a pas donné son aval. Comme beaucoup d’autres médecins, j’ai pris sur moi de faire la prescription que je juge nécessaire pour soigner mes patients
et dans ce cas d’espèce, c’est l’association hydroxychloroquine-azithromycine.
Soyons sérieux, je peux comprendre cette réserve s’il s’agissait d’une molécule étrangère, c’est à dire nouvelle. Ce n’est pas le cas et il n’y a aucune raison scientifique qui puisse permettre de dire de ne pas associer les deux médicaments qui marche d’ailleurs très bien dans le traitements du COVID-19.

Pourquoi le sujet divise tant le corps médical ?

Dans cette affaire, les médecins praticiens sont très pragmatiques. Comment un médecin qui doit soigner un patient et qui n’a qu’un produit peut-il hésiter à l’utiliser ?Je rappelle que la chloroquine a été dans le passé mise sur le bas côté de la route, non pour sa toxicité, mais parce qu’on avait trouvé mieux pour soigner le paludisme. Quant à l’azithromycine, c’est un bon produit antibiotique que nous utilisons tous les jours et l’associer à la chloroquine ne pose aucun problème. Nous, médecins sommes pragmatiques et allons à l’essentiel pour sauver le patient. Je pense que certains chercheurs sont déconnectés de la réalité parce que ça ne sert à rien de faire de la recherche en laissant mourir dans le même temps des patients qu’on peut sauver. Ils peuvent continuer leurs recherches ; ça ne me pose aucun problème, mais je leur suggère de s’imbriquer dans la cohorte des patients que nous traitons et après, ils diront ce qu’ils en pensent. Nous sommes quand même un pays spécial ! Les Etats-unis, la Corée du Sud et beaucoup de pays africains ont approuvé cette bi-thérapie et pendant ce temps, nous sommes là à polémiquer sur d’éventuels problèmes cardiaques que ça peut poser. Soyeux sérieux. Je demande au gouvernement de prendre un décret autorisant l’association hydroxychloroquine-azithromycine.

Avez-vous des arguments pour appuyer votre demande ?

Bien sûr ! A ce jour, j’ai 35 patients testés positifs que je traite avec 600 mg de chloroquine par jour, en raison de 200 mg trois fois par jour, plus l’azithromycine en raison de 500mg par jour pendant trois jours. Je peux vous dire qu’au bout de 48 heures, les signes cliniques de ces patients ont beaucoup régressé, sauf la toux qui a persisté pendant 7 ou 8 jours. Sur les 35 patients, 10 ont été testés négatifs après, donc guéris. Il reste à faire le test des 22 autres patients et j’aurai les résultats dans quelques jours. Je n’ai eu aucun cas de létalité (décès) pour l’instant. Au contraire, tout se passe très bien. J’encourage les médecins à écouter leur coeur et leur conscience. Ils sont diplômés et s’ils estiment qu’ils doivent prescrire un traitement à un patient, qu’ils le fassent sans peur parce qu’ils sont sous le serment d’Hypocrate et la priorité pour l’instant, c’est sauver des vies.

* Bangba est un pseudonyme, le docteur ayant souhaité rester anonyme

Propos recueillis par Joachim Vokouma
Kaceto.net