"Personne ne nous aime, nous les Noirs". Tel est le credo mille fois entendu. Mais, nous-mêmes, est-ce que nous nous aimons ?
On va rester à côté. Un Africain affronte les pires difficultés pour s’exiler dans les pays côtiers ou en Europe. Il trouve un boulot et se débrouille pour vivre et aider sa famille restée au pays. Vous allez voir. Les premiers à l’arnaquer, ce sont ses propres frères. Demandez à ceux qui ont voulu construire une maison au pays ! Demandez à ceux qui ont tenté de monter une petite entreprise au pays ! Demandez à ceux qui ont essayé une action sociale pour aider les gens de leur village !
Même ceux qui sont à Ouagadougou ne sont pas à l’abri des arnaques.
Comment voulons nous que ça avance ? Le premier qui veut relever la tête, tout le monde se précipite pour le dépouiller ou pour le faire trébucher.
En tout cas, moi je n’ai jamais vu quelqu’un d’une autre nationalité trahir son frère pour aider un Noir. Mais, nous de notre côté, ce n’est pas ce qui manque. De trahisons et des entourloupes de toutes les couleurs et de toutes les saveurs. Peut-on vivre en se méfiant constamment des siens ?
Parfois on cotise pour aider au pays. Une fois l’argent réuni, se pose alors la question de savoir comment faire pour que ça arrive vraiment aux gens vraiment dans le besoin. Comment et par qui passer pour que cet argent ne soit pas détourné en chemin ? Les pires étant ceux qui présentent bien, qui ont l’apparence de la probité.
Avec ça, comment voulez vous que les autres nous respectent ? Si tu es capable de trahir ton compatriote travaillant dans la même entreprise, pourquoi les autres vont t’accorder de la considération ?
Si vous doutez de ce que je vous dis là, faites une petite enquête sur les mafias des parcelles !
Je ne dis pas ça pour offenser quelqu’un ou pour faire plaisir à quelqu’un. Je raconte ces choses parce que c’est notre triste réalité.
Pendant que les autres se solidarisent pour défendre leurs intérêts, nous c’est la course à l’argent facile. Quitte à multiplier les arnaques les plus savantes. Même entre réfugiés, on trouve toutes les sortes de malversations.
Et si quelqu’un me déteste parce que j’ai dit cette vérité, je m’en fiche royalement !

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain