Venus Tanwalgougou, un des villages pris en otage par les groupes terroristes dans l’Est du Burkina, des centaines de manifestants ont arpenté ce matin les rues de Fada N’Gourma pour demander au gouvernement de sécuriser leur village afin qu’ils puissent vaquer tranquillement à leurs occupations.

En cette matinée du mardi 26 mai 2020, et au moment où les manifestations et processions sont interdites en vue de barrer la propagation de la transmission du Covid19, c’est avec un étonnement mêlé à une sensation de compassion que les
« Fadalais » ont constaté la marche d’une importante foule arpentant les artères principales de la ville. Cette foule, estimée à plus d’un millier de marcheurs, composée d’hommes, de femmes, de jeunes et de personnes âgées, étaient venus du village de Tanwalbougou et de ses environs, afin de traduire leur ras le bol sur la situation sécuritaire très précaire qu’elles vivent et surtout, demander au gouvernement de prendre diligemment des mesures idoines pour sauver le village.
Devant le portail du gouvernorat, la sécurité ne laissera entrer qu’une délégation de dix personnes pour rencontrer le gouverneur, distanciation sociale liée au covid19 oblige ! Kanfiagui Thiombiano, représentant le chef de Tanwalbougou TADJOA Thiombiano, qui a d’abord remercié le Gouverneur pour les avoir reçus avant de donner la parole à Hamadou KABORE, agro-pasteur de Tanwalbougou, pour livrer le message du chef du village et de sa population. Un message articulé autour de quatre points.
D’abord, ils demandent de renforcer l’effectif de l’équipe des pandores du poste de gendarmerie de Tanwalbougou tout en leur dotant de la logistique, des armes et autres matériel de guerre en quantité suffisante. Ensuite procéder à un nouvel recrutement de volontaires en un nombre important et les former rapidement au maniement des armes afin qu’ils viennent en appui aux FDS.
L’actualité de Tanwalbougou étant marquée par l’affaire des douze détenus retrouvés morts la semaine dernière, les marcheurs ont demandé de diligenter l’enquête ouverte à ce sujet et de la mener dans des conditions légales et transparentes. Enfin, ils demandent au gouvernement d’ouvrir l’œil et surtout le bon, en n’accédant pas à la requête de certaines Organisation de la société civile (OSC), en l’occurrence, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) qui avait demandé le relèvement des gendarmes en poste suite à la découverte des douze corps.

Selon le porte-parole des marcheurs, les gendarmes de Tanwalbougou abattent un énorme travail apprécié de toute la population et pour eux, « si les gendarmes n’étaient pas à Tanwalbougou, il y a longtemps que le village s’était complètement vidé de sa population car à quatre reprises, les terroristes ont tenté de prendre le contrôle du poste, mais sans succès. A chaque tentative, ce sont les terroristes qui enregistrent aussi bien des pertes en vies humaines que du matériel. Jamais un gendarme n’a été tué ou a fui », a déclaré Kabore Hamadou.
En rappel, le poste de gendarmerie de Tanwalbougou a été respectivement la cible d’attaque terroriste les 28 mars 2018, puis le 17 février 2019, ensuite le 10 février 2020 et la dernière en date est celle du 13 mai 2020. Le porte-parole est également revenu sur les assassinats de vingt personnes leader du village, toutes exécutées par des terroristes, tout en les citant nommément et en rappelant au gouverneur que sur ingt victimes, il y a aussi bien des Gourmantchés, des Mossis que des Peuls. IL a donc rassuré le premier responsable de la région que le problème de stigmatisation d’une ethnie ne se pose à Tanwalbougou. Il en veut pour preuve, la composition du groupe des marcheurs. « Monsieur le Gouverneur, si vous sortez, vous allez constater qu’il y a des Gourmantchés, des Mossis, et des Peuls qui sont tous venus de Tanwalbougou pour la marche. A l’intérieur aussi, il y a des gens de tous les âges et de toutes les religions. Vraiment, nous, tout ce que nous voulons, c’est la sécurité et la paix afin de regagner nos champs et nos pâturages pour mener tranquillement nos activités. Sinon, il n’y a aucune stigmatisation ethnique entre nous » a-t-il dit. Et d’ajouter qu’à ce jour, aucun habitant de Tanwalbougou ne peut encore se déplacer à plus d’un kilomètre hors du village sans risque d’être la proie des terroristes qui rodent en permanence autour du village.
A ce propos, il a rappelé que ce sont plus de 120 charrettes, 700 bœufs et 800 petits ruminants qui ont été emportés par le terroristes. De même, tous les hameaux de culture gravitant autour de Tanwalboubou ont été vidés de leurs populations de force, laissant derrière elles tout biens matériels. Une des femmes interrogées à la marche ayant requis l’anonymat, dit avoir perdu son mari qui a voulu aller chercher leurs vivres restés au champ, tué par des hommes armés non identifiés. Elle se dit prête à aller au combat, si on acceptait l’enrôler dans les volontaires.
Le gouverneur de la région de l’est, le Colonel Saidou Toussaint Prospère SANOU, après avoir reçu le mot des marcheurs, les a invités à la retenue, à la cohésion sociale qu’ils entretenaient et les a exhortés à faire confiance au gouvernement qui met les bouchées doubles pour que la paix et la sécurité reviennent dans la région et partant, dans tout le pays. Le Gouverneur les rassurés que le message sera transmis à la hiérarchie le plutôt possible.

BANGOU MARDIA AMAL (correspondant à Fada)
Kaceto.net