Ceci est une déclaation de "La Plateforme Panafricaine" (LPP) est un collectif de forces citoyennes actives et démocrates de la Diaspora Africaine engagé dans la libération et le redressement de l’Afrique. Ses champs d’actions recouvrent la démocratie, l’unité africaine, la défense des intérêts du continent et la remise de l’Homme au centre des préoccupations de l’humanité. La Plateforme Panafricaine est animée par des organisations des diasporas suivantes : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée,
Mali, Mauritanie, RDC, Sénégal, Tchad, Togo.

Depuis décembre 2019, le monde entier subit les ravages d’une pandémie à nulle
autre pareille. Il s’agit du nouveau coronavirus dénommé COVID-19. Tous les
continents sont frappés et la quasi-totalité des pays sont touchés.
Les risques que cette pandémie fait planer sur le continent africain sont
considérables. De plus, elle interpelle tous les acteurs du changement en Afrique,
toutes les élites et les gouvernants africains à plus d’un titre.
C’est dans ce contexte de grand désarroi, voire de psychose que la Plateforme
Panafricaine (LPP) a décidé de rendre publique la présente déclaration.
La pandémie du nouveau coronavirus / covid-19 survient à un moment où l’ordre
multilatéral mondial est en train de se déliter sous les coups de boutoir de
l’ultralibéralisme et de la globalisation non maîtrisée et où la gouvernance de la
plupart des Etats africains se caractérise avant tout par des défaillances graves qui
perdurent depuis des décennies.
Parmi ces défaillances on peut citer :
 L’endettement abyssal qui ne donne pas lieu à des investissements pour
l’amélioration des conditions de vie des populations du fait de la corruption
généralisée ;
 La crise sécuritaire multiforme qui met à mal la cohésion nationale de nombreux
Etats africains ;
 Au plan sanitaire, la persistance d’une pandémie comme le paludisme (228 millions de cas dans le monde en 2018), l’incidence de la mortalité maternelle (plus de la moitié des cas en Afrique)
Le délabrement avancé du système de santé dans la quasi-totalité de ces Etats. Par exemple le nombre de médecins pour 1000 habitants est proche de 0 contre 4 dans les pays développés
 Dans ce contexte, le fait que des experts annoncent depuis des mois une déferlante de l’épidémie de coronavirus en Afrique, où la pauvreté et le manque
d’infrastructures de santé fait craindre le pire (voir la revue futura-sciences.com du
23 avril).
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appelle l’Afrique à se "réveiller" (voir le
journal Le Monde du 19 mars 2020).
Tant il est vrai que la pandémie du Covid-19 pourrait saper les bases des États et des administrations africaines dont les défaillances profondes ont trop longtemps été foulées au pied par la majorité des dirigeants du continent et leur entourage.
Cette pandémie qui vient accentuer les défaillances des Etats, donne
l’occasion aux pays occidentaux d’envisager des scénarii devant leur permettre de
conserver des rapports de domination dont souffrent le continent et ses peuples. C’est dans cet ordre d’idée qu’il faut souligner le rapport confidentiel du Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie du Quai d’Orsay et les propositions d’annulation de la dette (rapport publié par le journal français La Tribune du 1er avril 2020).
C’est dans ces conditions que plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement des pays du Nord sont montés au créneau pour une n-ième annulation de la dette des pays
africains. Le coup de communication et de buzz se terminera par une promesse de
moratoire d’un an sur lesdites dettes. On a vu à cette occasion le président Emmanuel Macron intervenir dans la téléconférence du Bureau des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) tenue le 3 avril, ce qui soulève bien des
questions au sein des patriotes africains

Est-il nécessaire de rappeler que ces dettes contractées de manière opaque ont déjà été remboursées un certain nombre de fois comme le soulignait le défunt président Thomas Sankara ? Aussi est-il utile de rappeler que ces dettes plongent régulièrement ces pays dans une dépendance permanente, hypothéquant l’avenir de nombreuses générations, empêchant le développement du continent.
Sans aucune analyse de contexte sociologique et économique, de nombreux
dirigeants du continent africain ont décidé, à l’instar des dirigeants des pays du nord, d’imposer à leurs populations un confinement brutal souvent ponctué, lorsqu’il n’est pas respecté, de violences policières et dans nombre de cas, sans mesures sociales d’accompagnement des populations.
Si de telles mesures, calquées sur les standards internationaux de la lutte contre la
pandémie satisfont les classes aisées, à l’abri de la promiscuité et ayant la possibilité de travailler à domicile, elles demeurent punitives pour ceux qui doivent recourir à la débrouille et aux activités dites informelles.
Toutefois, Nous saluons l’esprit de créativité et de résistance des populations africaines qui développent des initiatives diverses leur permettant d’assurer le quotidien dans des conditions extrêmes et sur la base d’expériences des épidémies qui les frappent presque régulièrement.
Nous saluons aussi les tentatives endogènes de traitement de la maladie à partir de plantes. C’est le cas de Madagascar avec le produit Covid-Organics et du Cameroun avec le produit MSK1 et MSK2. Le renforcement des capacités de recherches scientifiques et industrielles du continent en matière de production de médicaments, notamment sur la base des savoirs endogènes, doit être un axe majeur d’une refondation.

En effet, si sur le plan sanitaire, le retentissement de la pandémie s’avère modeste sur le continent pour le moment, contrairement aux prédictions lugubres des afropessimistes invétérés, il est en revanche très important que les acteurs du changement approfondissent les perspectives de transformation sociale, écologique économique et démocratique ; celles-ci sont nécessaires. Elles passent notamment par une union politique effective des Etats, bâtie sur une vision réelle du développement, en mesure de se doter d’une capacité de rupture avec un système prédateur et destructeur pour les sociétés et la nature.
A cet égard, le retrait de la Côte d’Ivoire et du Bénin de leur déclaration facultative
permettant aux citoyens et aux ONG de saisir la Cour africaine des droits de l’Homme est passé inaperçu, en raison précisément de la pandémie. Il est révélateur d’un durcissement de l’autoritarisme et des restrictions de liberté, à la faveur des mesures gouvernementales sensées lutter contre la pandémie.
Aussi, nous exprimons ici notre indignation à l’égard des pronostics extrêmes
concernant l’impact de la pandémie sur le continent africain et les manœuvres
sordides en cours afin de maintenir le continent sous la domination et continuer son pillage.
Nous affirmons la liberté intellectuelle de l’Afrique, source d’innovation, afin
qu’enfin les pays du continent puissent assumer leur pleine souveraineté et mettre
en œuvre leurs développements endogènes en s’appuyant sur les énormes
ressources disponibles.
La Plateforme Panafricaine appelle tous les panafricanistes à se départir
de tout afro-pessimisme, que viennent renforcer les pronostics et conséquences
tous azimuts sur pandémie du Covid-19.
La Plateforme Panafricaine invite les peuples d’Afrique à l’unité et les
soutient dans tous les combats pour leur véritable indépendance, fondée
sur la créativité et l’exploitation libre de leurs ressources, matérielles, intellectuelles, et sur des valeurs humanistes.
L’Afrique est le continent d’avenir pour ses peuples et pour les peuples du monde.

Fait à Paris, le 25 mai 2020

La Plateforme Panafricaine (ppanafricaine@gmail.com).