Burkina/putsch : environ 5.000 personnes demandent la liberté pour Bassolé
Environ 5000 personnes ont manifesté samedi à Réo (centre-Ouest du Burkina Faso) pour demander la libération de Djibrill Bassolé l’ancien chef de la diplomatie de l’ex-président Blaise Compaoré, a constaté un journaliste de l’AFP dans sa ville natale.

"Justice et liberté pour Bassolé", écroué depuis près d’un an, pouvait-on notamment lire sur des banderoles alors que certains manifestants montraient aussi leur solidarité avec l’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao, écroué mi-septembre.

Vêtus de tee-shirts rouges à l’effigie de l’ex diplomate, les manifestants ont arpenté plusieurs artères de cette ville moyenne avant de remettre un message aux "plus hautes autorités de l’Etat".

Aucune force de sécurité n’était présente et aucun incident n’a eu lieu.

"Je suis venu marcher contre la détention arbitraire de notre frère Djibrill Bassolé. Nous sommes sortis pour dire aux dirigeants que Djibrill est un prisonnier politique de la transition et le premier prisonnier politique du pouvoir actuel", a indiqué André Batiana, enseignant d’université de 60 ans.

"Ça fait douze mois et deux jours d’angoisse, de pleurs, de peur, d’insomnie, de blessures physiologiques et morales, de meurtrissures diverses (....) dans ce pays qui a perdu le sens profond du respect de la dignité de la personne humaine et des droits de l’homme", a déclaré quant à elle la porte-parole des manifestants, Mme Marguerite Bassono.

Ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, M. Bassolé, un général de la gendarmerie a été arrêté le 29 septembre 2015 pour son rôle présumé dans le putsch manqué contre le régime de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré, chassé le 31 octobre par la rue après 27 ans au pouvoir.

Ce putsch assumé par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de M. Compaoré a échoué grâce à une mobilisation de la population soutenue par une partie de l’armée.

M. Bassolé a été inculpé "trahison", "attentat à la sûreté de l’Etat", "complicité d’assassinat, de blessures volontaires" principalement sur la base de bandes d’enregistrement d’une conversation téléphonique présumée qu’il aurait eu avec l’ex chef de la rébellion ivoirienne, le président du parlement ivoirien Guillaume Soro dans laquelle celui-ci semble annoncer un soutien aux putschistes alors en difficulté.

Les deux hommes ont toujours nié avoir eu un tel entretien. Selon une expertise en France commandée par les avocats de M. Bassolé, il s’agit d’un "montage".

M. Bassolé, un diplomate chevronné ayant été notamment médiateur conjoint de l’ONU et de l’Union africaine (UA) dans la crise au Darfour clame son innocence et se considère comme un "prisonnier politique".

Sa candidature à l’élection présidentielle de novembre 2015 avait été invalidée en vertu d’une loi controversée interdisant aux pro-Compaoré de se porter candidat aux élections.

M. Bassolé a saisi la Commission des Nations unies sur les détentions arbitraires pour faire examiner son cas.

AFP