La forte croissance du nombre de déplacés internes au Burkina Faso n’est pas sans conséquences sur les dangers encourus par ces derniers, sur leurs différents sites de relogement provisoire. C’est le constat fait par de nombreuses ONG, dont Oxfam Burkina. Cette dernière, suite à des enquêtes menées sur le terrain et recoupées par des témoignages de victimes, estime que la situation est préoccupante et appelle les autorités à réagir et à agir en toute urgence.

Le Burkina Faso compte officiellement à ce jour, plus de 848000 déplacés internes sur son territoire. Les trois quarts d’entre eux sont constitués de jeunes dont des enfants et des femmes. Et c’est justement le cas de ces dernières qui préoccupe les ONG, parmi lesquelles Oxfam Burkina, qui estime, à partir de données recueillies par ses soins, que leur cas mérite une attention particulière. Et pour cause, elles sont victimes d’une pratique qui consisterait à monnayer des faveurs sexuelles, en échange de services spécifiques ou de nourriture. C’est que l’on appelle le sexe de survie.
Ces cas sont amplifiés par l’absence de perspectives immédiates pour toutes ces personnes qui ont tout abandonné pour fuir l’insécurité. Par conséquent, elles restent donc tributaires de l’aide que leur apporte les services sociaux de l’Etat et les humanitaires.
Double menace

Sur certains sites de déplacés internes, au sahel notamment, une douzaine de cas de viols ont en outre été recensés, suite aux investigations effectuées sur le terrain. Dans cette perspective, les femmes seraient contraintes d’accepter des pratiques particulièrement avilissantes et déshumanisantes, pour espérer bénéficier de quelques avantages alimentaires en retour. Ou même pour protéger leur vie tout simplement, face à des prédateurs sans foi ni loi.
Ces derniers, les bourreaux, se trouvent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des camps de de regroupement. Cette situation particulièrement difficile sur le plan psychologique pour les victimes, contribue à accroitre la menace sur elles.
La situation est alarmante en ce moment, du fait de la persistance de la menace sécuritaire au nord, à l’est ainsi que dans le sahel. Les attaques de groupes armés continuant de semer la terreur au sein des populations. Dans ces conditions, il est difficile pour ces civils d’envisager dans l’immédiat, un retour qui serait prématuré et hautement risqué pour eux, dans leurs différents villages d’origine.

Juvénal Somé
Kaceto.net