Venue poursuivre des études à Ouaga, Sandra est tombée accidentellement en grossesse d’un jeune médecin, un "prince charmant" qui n’a pas eu le courage d’assurer ses responsabilités, plongeant la jeune étudiante dans un désarroi.
Récit.

Chaque année, de nombreux jeunes provenant de pays voisins déposent leurs valises sur le sol burkinabè. Elèves ou étudiants, ils sont envoyés par leurs parents pour y poursuivre des études, le Burkina offrant, à leurs yeux, de meilleurs prestations en matière d’enseignement et de formation et où le niveau de vie est moins chère comparativement aux autres.
Loin du regard de leurs parents, ces jeunes découvrent pour la première fois la liberté. Libres de faire ce qu’ils ne pouvaient pas faire. Une liberté qui peut être un piège si elle est mal gérée. Un piège dans lequel certains tombent. Comme Sandra, appelons la ainsi, une étudiante tchadienne inscrite en deuxième année de communication dans une université privée à Ouagadougou. Une aventure amoureuse avec un médecin va bouleverser totalement le cours de sa vie. Pas dans le bons sens.

Sa rencontre avec son jeune médecin

C’est par l’intermédiaire d’une de ses connaissances que nous avons eu vent de l’histoire de Sandra. Le contact n’a pas été facile, mais finalement, elle accepte de nous rencontrer. Au fil du temps, la confiance s’installe. Les confidences peuvent commencer. Dans l’anonymat bien entendu.
C’est en 2017, à l’âge de 18 ans que la jeune Sandra est arrivée dans la capitale burkinabè où l’avait précédée son frère aîné depuis trois ans. Elle découvre Ouagadougou, ses charmes comme ses laideurs. En tout cas, loin de l’image contée par ses patents et les dépliants publicitaires. Prise entre les cours, les difficultés de transport et la vie qui n’est vraiment pas moins chère, Sandra a du mal à s’adapter au mode de vie des Burkinabè. Au point de nourrir parfois de regrets d’être venue dans la capitale africaine du cinéma. C’est durant ces moments où elle était au creux de la vague, qu’elle avait besoin de réconfort, qu’elle fait la rencontre d’Alex, un jeune médecin burkinabè qui a tout du prince charmant. Il gagne bien sa vie, se montre attentionné, serviable et n’hésite pas à dépanner de temps en temps Sandra. Le temps passe et les deux amoureux se voient de plus en plus fréquemment. La confiance commence à s’installer. Ils passent de bons moments ensemble et les rapports sexuels se multiplient. Parfois sans protection ! Et ce qui devait arriver arriva. Sandra n’a pas vu ses règles au moment venu. Elle s’inquiète. Les résultats du test de grossesse tombent : elle est enceinte !

Début de cauchemar

"Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai eu peur. Peur de la réaction de mes parents qui se sacrifient pour payer mes études. Peur aussi de la réaction de mon grand frère chez qui je vivais", confie Sandra, tête baissée comme pour exprimer des regrets.
Lorsqu’elle annonce la nouvelle à son prince, sa réaction a été brutale. Refus catégorique d’assumer la paternité de la grossesse. « Quand on faisait l’amour, je lui disais de se protéger, mais il me répondait toujours qu’il était prêt à assumer une éventuelle grossesse" poursuit la jeune fille. Mise en confiance, la jeune fille se livrait à son prince sans retenue. Mais quand elle lui annonce la nouvelle de la grossesse, le prince charmant change de visage, devient méconnaissable. "Il s’est mis dans une grosse colère et m’a dit qu’il ne voulait pas de cette grossesse et de ne même plus lui en parler", se souvient Sandra. Quand elle insiste, Alex lui répond qu’il ne répond pas de cet enfant qui pourrait naître. Pis, il lui propose d’avorter pendant qu’il est encore temps. Avant de disparaître. Aucune nouvelle de lui. « Quand je l’appelle, il ne décroche pas et ne répond pas à mes messages. Quand je change de numéro et qu’il se rend compte que c’est moi, il raccroche », rapporte t-elle.

Pour l’étudiante en communication, l’idylle est devenue un cauchemar. Sans soutient, elle se résout à se débarrasser de cette grossesse qui lui pourrit la vie. Un combat à mener pour elle, d’autant que la pratique de l’avortement est très encadrée par la loi burkinabè et le cas de Sandra n’est pas autorisé. Il ne lui reste que l’avortement clandestin, avec tous les risques auxquels elle s’expose. Une connaissance va la mettre en contact avec un médecin qui se livre à cette pratique dans un quartier périphérique, à la sortie Est de Ouagadougou. « Quand je l’ai rencontré, il m’a examiné et m’a remis une ordonnance avec le nom d’un médicament abortif. Il m’a expliqué qu’après l’avoir pris
« la grossesse allait couler », raconte, Sandra, trémolos dans la voix.
Sandra suit les prescriptions du médecin et au bout de quelques jours, elle commence à saigner. Pour elle, c’en est terminé de cette grossesse. Malheureusement, elle était loin de s’imaginer que son plan n’avait pas marché. Des semaines après l’avortement avorté, des symptômes persistaient : nausées, fatigue, etc., ce qui crée le doute chez elle. Pour en avoir le coeur net, elle se rend à l’hôpital pour y faire une échographie. Patatras ! la grossesse est toujours là et le fœtus prend du volume. Elle contacte à nouveau le médecin de l’Est, qui lui prescrit une autre ordonnance. "Quand j’ai pris les produits, je me suis mise à saigner toute la nuit et me suis évanouie. Quand je me suis réveillée, j’étais à l’hôpital », se souvient-elle. Là, les médecins lui apprennent que sa vie est en danger surtout que son utérus est fortement endommagé. Avec le savoir-faire des médecins et beaucoup de chance, la grossesse a été interrompue comme le souhaitaite la jeune fille. Mais Sandra se demande si elle pourra avoir un jour la chance d’enfanter et de vivre le bonheur d’une maman. « Les médecins m’ont dit que les risques que je ne puisse pas enfanter sont réels et m’ont conseillé d’aller faire des examens approfondis pour en savoir davantage. J’ai peur qu’à cause d’une erreur de jeunesse, je ne puisse pas enfanter », redoute Sandra.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net