Le Mouvement SENS a été officiellement lancé hier 2 août au Centre Cardinal Paul Zoungrana à Ouagadougou. Ses animateurs prônent la rupture radicale avec les anciennes pratiques pour redonner à la politique ses lettres de noblesse.

Comme nous l’annoncions dans nos précédentes éditions, (http://kaceto.net/spip.php?article8765), le Mouvement politique dénommé "SENS" a été lancé hier 2 août 2020 dans les locaux du centre Cardinal Paul Zoungrana à Ouagadougou. Il est dirigé par Maître Guy Hervé Kam, un des leaders du Balai citoyen, l’organisation qui a donné plus que du fil à retordre au régime défunt du président Blaise Compaoré. Avec ses camardes, il entend donner à l’engagement politique ce qu’il n’aurait jamais cesser d’être : Servir et non se servir (SENS), défendre l’intérêt général et le bien public, être au service de la collectivité, faire du don de soi le credo de l’action politique, bref, réenchanter l’engagement politique en y intégrant en permanence l’éthique de la responsabilité.
Venus des treize régions du Burkina, les premiers militants du Mouvement ont pris l’engagement de faire autrement la politique. Ce qui est frappant, c’est leur relative jeunesse et la fraîcheur de leur message délivré hier dans une salle comble. "Change en toi, ce que tu aimerais voir changer autour de toi" a ainsi lancé Abdoul Maïga, vice-président du Mouvement, un étudiant en médecine de moins de trente ans. Il ne veut plus que les jeunes soient encore "manipulés par des gens dont le seul souci est de se servir et non servir". Il veut une rupture pour en finir avec "la politique aventuriste", condition d’un changement positif au profit du plus grand nombre. Les jeunes doivent assumer pleinement leurs responsabilités pour faire bouger les lignes en combattant "la perversité, la prédation et la cupidité" érigées en règle dans la gestion de la chose publique. "Si tu te vends moins cher, on t’achètera à crédit", a t-il averti sa génération.
Prenant la parole au nom de femmes, Judith Tiendrebéogo, assistante bilingue de profession voit dans le Mouvement SENS l’occasion de "donner sens à la femme burkinabè et africaine". Elle rêve de voir un Burkina où "les filles et les garçons auront les mêmes droits, où les premières seront enfin des propriétaires terriennes". Elle réclame la parité "tout en gardant nos valeurs ancestrales et non en copiant l’Occident qui pervertit".
"Femme, surmonte ta peur", a t-elle lancé à celles qui seraient encore dans le doute et habitées par le manque de confiance.
La rupture prônée par le Mouvement SENS ne saurait aboutir sur le continent africain sans l’implication de la diaspora africaine. C’est le sens du message sonore diffusé de notre compatriote Jean-Baptiste Yoporeka Somet, philosophe et égyptologue installé en France, par ailleurs Secrétaire national des relations extérieures du Mouvement et dont l’ambition est de "faire du Burkina Faso une nation démocratique et prospère, avec des femmes et des hommes intègres et patriotes, engagés dans la construction des États-Unis d’Afrique". Pour lui, pas de doute, le Mouvement SENS "a aussi un puissant message en direction de la diaspora au sens large (burkinabè, africaine et afro-descendante) afin que celle-ci soit davantage impliquée à tous les niveaux de l’action politique, sociale, culturelle, intellectuelle, etc., depuis la conception et l’expertise jusqu’à la réalisation". Epousant l’analyse du président ghanéen Nana Akufo-Addo, il a indiqué que le regard sur les diasporas africaines dépend des changements positifs qui se produiront sur le continent noir.

S’exprimant depuis Dakar, "capitale de la plus vieille colonie française en Afrique", le pan-africaniste Diallo Diop a appelé au "rassemblement des patriotes sincères pour une émancipation totale des peuples africains en barrant la route à ceux qui veulent se servir de l’Afrique au détriment des Africains". Pour lui, la guerre asymétrique à laquelle fait face le Burkina n’est que la conséquence de la chute de Blaise Compaoré "pion françafricain".
Il en appelle à un engagement nouveau des Africains afin de "bâtir un Etat fédéral et unitaire pour un développement endogène du continent noir".
Lancé seulement à trois mois du double scrutin présidentiel et législatif, le Mouvement SENS va t-il aligner un candidat dans la course vers Kosyam ? "Notre ambition n’est pas de prendre le pouvoir pour le pouvoir, mais de servir notre pays. Et dans cette démarche de construction, nous ne sommes pas encore convaincus que nous devons mettre la toiture de la maison avant la fondation" a clairement répondu le coordonnateur national, Maître Guy Hervé Kam. En revanche, le Mouvement soutiendra des candidatures indépendantes dès lors que les candidats disposent d’une assise populaire et incarnent une certaine légitimité dans leurs provinces.
Il ne s’agit donc pas pour les animateurs du Mouvement SENS de reproduire les pratiques politiques décriées par les populations, mais de rompre avec " cette classe politique, issue pour l’essentiel de la Rectification du 15 octobre 1987, qui est à bout de souffle, en panne d’imagination, de créativité et de leadership". Celle-là même qui "a enterré les idéaux de la révolution démocratique et populaire et érigé la culture de la corruption, de l’indignité et du manque d’intégrité".
Tout un programme !

Voici la composition du bureau provisoire du Mouvement SENS

– Coordonnateur National : Kam Guy Hervé

– Coordonnateur National Adjoint : Maiga Abdoul

– Secrétaire National en Charge de l’orientation Politique : Yogo Guy

– Secrétaire National en charge de l’Organisation : Barry Idrissa

– Secrétaire Nationale en charge de la Communication : Tamboura Aicha

– Secrétaire National en charge de la Jeunesse : Mounian Daouda

– La Coordonnatrice de la Jeunesse du Mouvement : Tiemtore Elsa

– Secrétaire Nationale en charge des Femmes : Tiendrebeogo Judith

– Coordinatrice des femmes du Mouvement : KY Blandine

– Trésorière Nationale, responsable de la mobilisation financière : Koalga Richard

– Secrétaire National en charge du Panafricanisme et des Relations Extérieures : Somet Yoporeka

Joachim Vokouma
Kaceto.net