Le 29 juillet dernier, le maire d’Arbinda Monsieur Boureima OUEREM a fait une sortie digne d’intérêt sur Burkina 24. Dans un contexte où de nombreux intellectuels brillent par leur couardise au point de magnifier quasiment les groupes armés terroristes dans certains cas, un tel courage mérite d’être salué et soutenu non pas du bout des lèvres mais par des actions concrètes.

Arbinda est l’une des localités les plus meurtries du pays depuis l’irruption de la menace terroriste sur le territoire national avec comme épicentre la province du Soum. Les assassinats ciblés ou indiscriminés, les razzias, les rapts de personnes suivis d’exécutions sommaires, les incendies volontaires, la destruction des systèmes de communication, les blocus avec les pénuries d’eau et d’aliments comme corollaires, le surpeuplement du chef-lieu de la commune lié au déplacement massif des populations sous la pression des terroristes sont autant de réalités qui ont été le lot commun des Arbindais . Fort heureusement, ses vaillantes populations se singularisent par une remarquable résilience. Le maire de la ville à travers sa récente sortie indique combien il est en phase avec ses électeurs dans les difficultés traversées.
Comme l’a si bien dit Churchill : « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous avez quand même la guerre. » Les Arbindais l’ont si bien compris qu’en réaction aux attaques terroristes répétées, ils ont choisi l’unique posture qui vaille pour la sauvegarde de leur cité en s’organisant aux côtés des Forces de défense et de sécurité. Aujourd’hui, à entendre le maire de la ville, l’étreinte est dorénavant brisée et la situation s’est nettement améliorée au grand dam des oiseaux de mauvais augure qui pariaient sur la chute imminente de cette localité devenue un bastion inexpugnable. C’est cet exemple qui devrait inspirer les responsables et habitants de toutes les zones affectées par la menace terroriste. Mettre en place des initiatives locales de sécurité, c’est exercer son droit à l’autodéfense pour suppléer à la carence de la force légitime dévolue aux Forces de Défense et de Sécurité. Il n’y a pas mille et une solutions. Même lors des deux conflits mondiaux, la résistance citoyenne a occupé une place importante. Dans l’histoire récente des guerres asymétriques d’inspiration salafiste, l’exemple de l’Algérie qui s’en est tirée grâce à une importante mobilisation citoyenne est une référence unique. On essaie de nous faire croire que l’inertie pourrait garantir aux populations la non-agression de la part de groupes terroristes qui réprouvent tous les codes de conduite régissant la vie moderne. Les Burkinabè devraient donc prêter une oreille attentive à la parole de Boureima OUEREM le maire de la commune d’Arbinda dont l’interview accordée à Burkina 24 le 29 juillet dernier comporte trois recommandations fortes : la mise en place d’initiatives locales de sécurité dans les zones affectées par le terrorisme, la prise de mesure de dé radicalisation destinées à encourager les terroristes désirant déposer les armes et l’implication des leaders religieux, coutumiers, politiques et administratifs des zones concernées dans la culture de la paix et de la cohésion sociale. Rien à voir avec les pleurnicheries et récriminations d’intellectuels qui, par cécité politique, calculs politiciens ou lâcheté, ne cachent pas leur fascination et sympathie envers les groupes terroristes. Là, le maire d’Arbinda nous offre l’esquisse d’un programme de bon sens qui devrait recueillir l’adhésion de toutes les personnes de bonne volonté et être mis en œuvre en aval des opérations actuellement menées par les Forces de Défense et de Sécurité.
S’agissant des initiatives locales de sécurité, Arbinda n’a pas attendu comme on le voit l’adoption d’une loi instituant les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) pour engager sa résistance au terrorisme. C’est le lieu de souligner que le lancement des VDP a été quoi qu’on dise, une décision pertinente à saluer et ce n’est pas une surprise que les Burkinabè la soutiennent aussi massivement. Quant à l’engagement des leaders religieux, coutumiers, politiques et administratifs dans la culture de la paix, il existe déjà des initiatives disparates à améliorer et consolider. Il est beaucoup question de déconstruire le discours d’endoctrinement menant à la radicalisation et cette tâche incombe particulièrement aux leaders musulmans. Il ne s’agit pas d’organiser des rencontres dans des hôtels de luxe à Ouagadougou ou d’autres grands centres urbains permettant à une certaine élite de se livrer à des échanges de bon aloi autour de sujets déjà convenus, loin des personnes les plus concernées. La sensibilisation devrait être faite dans les zones affectée par la menace avec la facilitation de l’état. Le message porté devrait amener tous les parents à user de toutes les objurgations pour ramener à la raison leurs fils ou frères combattants avérés des groupes armés terroristes. En réponse à leurs exhortations à intégrer leurs rangs (adressées téléphoniquement avec culot même aux parents sous les drapeaux), ils devraient expliquer que l’état du Macina ou du Djelgodji promis par leurs gourous ne dépassera pas le cap du rêve.
Des trois propositions, celle relative à l’ouverture de centres de dé radicalisation est la plus complexe dans sa mise en œuvre. Pour autant, elle requiert la plus grande attention quand on sait que de nombreux jeunes se sont retrouvés enrôlés dans les groupes terroristes sous la contrainte directe ou indirecte. C’est donc à leurs corps défendant qu’ils ont été amenés à commettre des atrocités et très souvent sous l’empire de différentes drogues. Ces derniers méritent bien une main secourable de la république et les techniciens s’ils sont commis à une réflexion sur la question, pourraient trouver les modalités pratiques de la mise en œuvre de cette proposition.
Naturellement, la plus grande attention devrait être portée sur les cas de rackets qui impactent négativement par endroit les rapports entre les populations civiles et les FDS. Ces genres d’inconduites dans les conditions actuelles ne devraient pas connaitre seulement des suites disciplinaires. Elles devraient être relevées par la prévôté et transmis aux juridictions militaires comme cela se doit pour toutes les infractions commises en zone d’opération pour assurer la légalité des actions.
Ailleurs, le cri du cœur du maire d’Arbinda aurait déjà suscité des réactions sous forme de manifestation publique d’intérêt ou d’adhésion. Un appel officiel cosigné de plusieurs maires des zones affectées par la menace terroriste aurait certainement plus de force qu’une initiative solitaire.
Les derniers actes terroristes enregistrés sur différents théâtres indiquent clairement que les groupes terroristes sont bel et bien aux abois mais n’entendent pas abdiquer dans la poursuite de leur projet de construction d’une société obscurantiste méconnaissant royalement les droits de l’homme. Il va sans dire que dans une telle société, il n’existe aucune place pour des lanceurs d’alerte. Ceux qui en doutaient encore, s’ils sont de bonne foi, ont eu l’occasion de le constater avec les récents incendies d’écoles publiques. « Lorsque le loup déclare éprouver de la compassion pour la chèvre malade, c’est pour mieux la dévorer ; a fortiori que lorsqu’il prétend s’associer à la chèvre malade pour réfléchir sur les agissements du berger. » Cette phrase du Président Thomas SANKARA est à méditer par les naïfs qui croient que les terroristes agissent pour obtenir la bonne gouvernance. La plus grande ruse du diable, dit-on, c’est de réussir à faire croire qu’il n’existe pas. Souvenons-nous donc de Gao et Tombouctou au Mali voisin sous l’administration d’Ansar Dine avec sa police religieuse. A moins que l’amnésie ne couvre une forme de connivence.

Souleymane TAMBOURA
Kaceto.net