L’Appel de Manéga a animé une conférence de presse relative aux élections couplées prochaines hier jeudi 27 août 2020 , à Ouagadougou. Il s’agissait de présenter le travail qui a été fait lors du colloque tenu le 1er août 2020 à Manga par le conseil technique et scientifique. Les sages de l’Appel de Manéga ont invité les acteurs politiques à mener le dialogue et à rechercher le consensus social avant d’organiser les élections afin que ces dernières soient crédibles, apaisées et acceptables de tous.

Le Burkina Faso se prépare pour des élections couplées le 22 novembre 2020 pour choisir le président du Faso et les 127 députés de l’assemblée nationale. Cette échéance se profile dans un contexte d’incertitude et d’appréhension du fait de la situation sécuritaire et humanitaire préoccupante et des polémiques sur la réconciliation nationale.
L’Appel de Manéga qui s’est donné pour mission de travailler à la réconciliation nationale s’est penché sur le sujet le 1er août dernier à Manga, à travers son Conseil technique et scientifique (CTS) en planchant sur le thème : "Evaluation de la feuille de route des sages et des enjeux politiques et électoraux en lien avec la réconciliation nationale et la paix".
Selon le secrétaire général de l’Appel de Manéga, Lookman Sawadogo, ce colloque a réuni environ une trentaine d’experts du Conseil technique et scientifique et des personnes ressources associées à cet effet. Pour lui, les travaux ont été centrés sur le corpus de quatre recommandations du point cinq de la feuille de route des sages de l’Appel de Manéga. Parmi ces recommandations, il y a , entre autres :
 la préparation d’un processus électoral sain, transparent, honnête et sincère qui favorise l’ inclusivité et l’expression politique plurielle au niveau des candidatures et de l’enrôlement des électeurs.
 que les acteurs politiques fassent preuve de la plus grande lucidité , de discernement et d’anticipation afin de prendre les décisions politiques courageuses voire audacieuses qui préservent l’intérêt supérieur de la nation face au défis de l’organisation de ces échéances dans un contexte sécuritaire très préoccupant.
 la tenue tenue urgente d’un dialogue démocratique de tous les acteurs clés du processus électoral autour des enjeux des échéances électorales 2020.
Selon le secrétaire général, sur la base donc du thème du colloque suscité par ces recommandations et par la situation qui s’observe sur le terrain , les participants se sont penchés sur l’organisation des élections du 22 novembre prochain en lien avec la crise sécuritaire et l’offre de réconciliation nationale. Les travaux ont porté sur l’élaboration de propositions, de scénarios probables sur la base d’hypothèse prenant en compte les options faisant l’objet des débats au sein de l’opinion publique et des acteurs démocratiques. En termes de bilan, plusieurs communications et plaidoyers qui demeurent toujours d’actualité ont été formulés.
À l’issue de ce colloque, le conseil technique et scientifique de l’Appel de Manéga a adopté des résolutions.
D’abord, devant l’incertitude de la situation , demande est faite au président du Faso Chef de l’Etat d’ouvrir , dans les meilleurs délais une ultime concertation nationale sans exclusive autour des élections pour recueillir les avis, conseils, suggestions, et propositions de toutes les forces vives de la nation dans l’intérêt supérieur du peuple Burkinabè.

Ensuite, devant l’impérieuse nécessité de réconciliation nationale, invitation est adressée à tous les candidats à l’élection présidentielle à prendre, dans un élan patriotique, un engagement solennel devant le peuple de travailler ensemble, victorieux comme perdants, à l’issue de l’élection présidentielle afin de donner une chance à la réconciliation nationale qui rassemblera les filles et les fils du Faso.
Que les sages de l’Appel de Manéga et toutes les bonnes volontés soucieuses de l’avenir du Burkina Faso s’impliquent pour la réalisation de cette entente nationale.
Environ 22 communes ne pourront pas prendre part au scrutin électoral prochain du fait du contexte de l’insécurité. D’où la modification de l’article 155 de la loi électorale par l’assemblée nationale pour prendre cela en compte, ce qui n’est pas du goût du coordinateur du Conseil technique et scientifique de l’Appel de Manéga, Evariste Konsimbo. Pour lui, ce réaménagement de la loi électorale est un « forcing » , car on pourrait tenir les élections où les conditions sont réunies et ne pas les tenir là où elles ne sont pas réunies. "Il y a un double danger à ce niveau", a-t-il souligné. Premièrement , on exclut des Burkinabè qui n’auront pas la possibilité de voter. Deuxièmement, on abandonne une partie du territoire. Or, renchérit Lookman Sawadogo, " pour un Etat , un territoire c’est sa natte".

Les élections doivent se tenir en dépit de tout cela ? À cette question des journalistes, le coordonnateur Konsimbo a affirmé que l’Appel de Manéga n’a aucun moyen d’empêcher la tenue des élections. Mais, au regard de la situation, il estime que c’est hasardeux et très risqué de tenir des élections partielles avec un bricolage-juridique va créer plus de problème au lieu d’apporter des solutions. Il demande aux autorités de revoir la possibilité de retarder ces élections et sécuriser le territoire afin de permettre à tout le monde d’y participer.

Par ailleurs, les sages de l’Appel de Manéga interpellent toujours les acteurs politiques à faire preuve de lucidité , de discernement , d’anticipation afin de prendre des décisions politiques courageuses voire audacieuses dans l’intérêt supérieur de la nation en rapport avec la situation sécuritaire du pays. Aussi, l’un des experts de l’Appel de Manéga, Paz Hien appelle le président du Faso a initié un dialogue national avec l’ensemble des acteurs politiques et des forces vives de la population afin qu’on évite de tomber dans une crise poste électorale.

Saaniayouor KPODA
Kaceto.net