Le ZLECA ou ZLECAf est un projet de zone de libre échange sur l’ensemble du continent africain avec les 55 Etats de l’Union Africaine dont le Burkina Faso est signataire. Lancé depuis 2015 à Johannesburg à la 25ème session ordinaire de la conférence de l’Union Africaine, il est officiellement entré en vigueur le 30 Mai 2019. La phase d’opérationnalisation initialement prévue pour juillet 2020 a été finalement reportée à cause de la pandémie du coronavirus. Elle pourrait être opérationnelle en janvier 2021 selon son secrétaire général Wamkele MENE.

Le ZLECA a pour objectif de créer un marché unique pour toute l’Afrique. Il s’agit de supprimer les taxes douanières entre les Etats Africains et les difficultés rencontrées pour voyager d’un pays africain à l’autre afin de faire des affaires. Cela vise donc à assurer la libre circulation des biens, des personnes et des investissements. Un commerçant au Burkina Faso pourra par exemple voyager librement à travers toute l’Afrique pour vendre ou acheter des marchandises sans avoir à payer des droits de douanes aux frontières. Cela permet aux commerçants ou aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices car les partenaires ou les clients deviennent plus nombreux (près de 1.2 milliards de personnes).
Avec la suppression des taxes douanières et la concurrence, les biens deviennent moins chers et cela permet de réduire les coûts de production et de gagner en compétitivité. Avec le ZLECA, les échanges et les investissements à l’intérieur de l’Afrique devrait augmenter. A long terme, les politiques économiques au sein des différents Etats seront coordonnées pour mieux booster la croissance et le développement en Afrique.
Selon un rapport de la banque mondiale, la Zone de libre-échange continentale africaine représente une véritable occasion de stimuler la croissance économique, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans cette région. Elle pourrait permettre de sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté sur le continent ; d’accroitre les exportations africaines de 560 milliards de dollars, essentiellement dans le secteur industriel ; d’augmenter les revenus en Afrique de 450 milliards de dollars d’ici à 2035. Les bénéfices économiques seraient plus importants pour l’Afrique de l’ouest qui enregistrerait la plus forte diminution du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (12 millions soit le tiers du total pour l’ensemble de l’Afrique). Pour le Burkina Faso, les améliorations de revenus réels liées au ZLECA sont estimées d’ici à 2035 à environ 7%. Les exportations intra-africaines du Burkina Faso augmenteraient de 53% et les importations intra-africaines de 50%.

Ce projet offre donc de nombreuses opportunités pour l’économie africaine. Il aurait pu voir le jour il y a plus de 30 ans. Le Président Thomas SANKARA, à travers cet extrait de son discours mémorable le 29 juillet 1987 à Addis Abeba au sommet de l’OUA, lançait cet appel : « Faisons en sorte que le marché africain soit le marché des africains ». Le ZLECA vient comme un pas important dans la concrétisation de cet appel à une économie africaine véritablement intégrée afin de mieux la dynamiser à partir des capacités internes.
La mise en œuvre du ZLECA devra affronter néanmoins certaines difficultés. Les blocs régionaux existants comme la CEDEAO peinent déjà à être de véritables zones de libre-échange au regard des multiples entraves persistantes (difficultés rencontrées par commerçants aux frontières) et la faiblesse des échanges en leur sein. Veiller au respect des engagements pris par les Etats constitue donc le premier défi. D’autres défis importants subsistent comme le développement des moyens de communication (routes, chemin de fer…) pour les échanges ou la question sécuritaire qui devient de plus en plus préoccupante sur le continent. Par ailleurs le ZLECA peut présenter un effet pervers de favoriser au contraire une désintégration économique du continent. Pour l’agro-économiste Jacques Berthlot, il pourrait ouvrir davantage les portes aux firmes multinationales qui concentreront leurs activités dans les pays les plus compétitifs pour exporter vers les autres.

Florent Maré
Économiste, Attaché d’Enseignement et de Recherche
Laboratoire d’Analyse Quantitative Appliquée au Développement-Sahel (LAQAD’S)
Doctorant en Econimie
Université Thomas Sankara