Face aux conditions d’accès au logement de plus en plus difficile pour beaucoup de Burkinabè, les femmes militantes de la Coalition des associations de défense pour le droit au logement (CADDL) ont battu le pavé hier de la bourse du travail jusqu’au siège de l’assemblée nationale où elles remis un message au président de l’institution

Cortège inhabituel dans les rues de Ouagadougou hier 20 octobre dans la matinée. Par milliers, munies de balais et de spatules-ce qui rappelle la marche des femmes du 27 octobre 2014-, les militants de la Coalition des associations de défense du droit au logement (CADDL) ont manifesté leur colère contre la précarité qui les frappe dans l’accès à un logement décent. Dans leur viseur, les spéculateurs fonciers, à commencer par les agences immobilières qui ont poussé ces dernières années comme des champignons, s’accaparant, avec la complice des propriétaires terriens, d’immenses espaces qui auraient pu être lotis au profit du Burkinabè moyen. Sans oublier, les opérations frauduleuses de lotissements faites au début des années 2000 dans de nombreux arrondissements de la commune de Ouaga qui ont laissé sur le carreaux des millions de Burkinabè sans espoir de disposer d’une parcelle pour y construire. Une commission d’enquête parlementaire a mis à nue en 2016 les pratiques immorales ayant conduit certains à s’attribuer des dizaines, voire des centaines de parcelles, quand d’autres n’en ont bénéficié d’aucune. Hier, les femmes ont exigé l’apurement du passif sur le foncier au Burkina Faso recommandé par le rapport de la commission, notamment dans les zones dites non-loties, ces quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou connus pour leur surpopulation. Elles réclament également l’arrêt du pillage du foncier, la suspension des activités des sociétés immobilières et la relecture de la Réforme Agraire et Foncière (RAF).
Face à la modicité de leurs moyens, elles demandent aux députés de se pencher sur les coûts des matériaux de construction et la mise en place d’une vraie politique de logement social qui profite aux plus fragiles, à commencer par elles.
Assurer l’accès à un logement décent aux Burkinabè demeure un défi pour les pouvoirs publics, lesquels n’ont manifestement pas encore trouvé les moyens à la hauteur des espoirs d’une grande majorité de la population.

Dominique Koné
Kaceto.net