Les inscriptions sont closes. Quatre candidats postulent à tête de la Confédération africaine de football. Le plus inattendu est l’homme d’affaires Patrice Motsepe, qui a fait fortune dans les mines sud-africaines. Bien que président de club, il était jusque-là discret à l’international.

Le businessman sud-africain Patrice Motsepe affiche de nouvelles ambitions : diriger le football africain. Le 12 mars 2021, la CAF (Confédération africaine de football) réunira ses instances à Rabat (Maroc) et choisira son nouveau dirigeant. Quatre postulants se sont déclarés avant ce 12 novembre, dernier jour pour faire acte de candidature.

Sous le coup d’une enquête de la FIFA qui pourrait invalider sa candidature, le titulaire du poste, Ahmad Ahmad, compte bien rempiler pour un deuxième mandat. Le Malgache, une fois remis de son hospitalisation pour cause de Covid-19, aura quelques semaines pour faire taire les critiques à son encontre.
Et peut-être, réduire le terrain des concurrents : Jacques Anouma, l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, et Ahmed Yahya, président de la Fédération de Mauritanie, sont également sur les rangs. Jacques Anouma, cette fois, a obtenu le parrainage de sa fédération, ce qui n’était pas le cas voici quatre ans, sa candidature avait alors fait long feu.

Ces deux dernières candidatures ne sont pas une surprise. Au contraire, celle de Patrice Motsepe, a étonné. Qu’est-ce qui peut pousser ce milliardaire – par ailleurs beau-frère du président sud-africain Cyril Ramaphosa –, à briguer un tel poste ? L’intéressé, qui limite aussi ses sorties publiques pour cause de quarantaine forcée après avoir contracté la Covid-19, n’a, pour l’heure, pas tenu de conférence de presse pour s’en expliquer.

Déjà, le Sud-africain a reçu quelques soutiens de poids, comme celui de Amaju Pinnick, ancien vice-président de la CAF, que l’on disait pourtant un potentiel candidat lui-même. « Si vous constatez quelqu’un avec des qualités supérieures aux vôtres, vous devez apprendre de lui et attendre votre tour », s’est justifié le Nigerian.

Le foot, entre Harmony Gold et Sanlam Insurance

Patrice Motsepe est une figure incontournable du monde des affaires sud-africain, récompensé par les magazines spécialisés. S’il est peu connu dans celui du football international, il dirige un puissant club, les Mamelodi Sundowns.

Ses joueurs, surnommés « Les Brésiliens » en raison de la couleur jaune de leur maillot, sont d’ailleurs en tête du championnat de la ligue sud-africaine, PSL. Certes, la formation de Pretoria n’est pas la plus puissante du continent, mais la carte de visite suffit à rendre recevable la candidature du milliardaire.

En effet, le règlement de la CAF stipule qu’un candidat « doit avoir joué un rôle actif dans le football durant au moins deux des cinq dernières années ayant précédé le dépôt de sa candidature ». Sur le plan diplomatique, Patrice Motsepe compte déjà sur les soutiens de trois autres fédérations : Botswana, Nigeria et Sierra Leone.

La représentante de ce dernier pays, Isha Johansen, ne ménage pas le sortant Ahmed Ahmed : « Il y a quatre ans, on nous annonçait un vent de changements. Nous soutenons Patrice Motsepe parce que nous n’avons pas vu ce vrai changement dont le football africain a besoin. » De son côté, Ahmad Ahmad revendique le support de 46 des 54 fédérations africaines ; les partisans de Patrice Motsepe doutent de cet engouement.

Destin peu banal pour l’industriel. Bien que né à Soweto, en janvier 1962, il vient d’une famille aisée, qui se revendique même de sang royal. C’est pourquoi, dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, il a suivi des études d’ordinaire réservées aux Blancs.

En 1994, tandis que Nelson Mandela accède à la Présidence, Patrice Motsepe rejoint un cabinet d’avocats spécialisé dans le droit minier. C’est tout naturellement qu’investit – sans grand capital de départ – dans le secteur minier : platine, or, nickel, fer. Il multiplie les partenariats, les rachats à bas prix, profitant de la législation qui impose un minimum de 26% d’actionnaires noirs dans une entreprise sud-africaine.

Il prend une participation de 20% au capital d’une compagnie aurifère qu’il juge sous-évaluée : Harmony Gold. Minière aujourd’hui fleuron de l’industrie sud-africaine, qui fait la fierté de la holding de Patrice Motsepe, ARM (African Rainbow Mineral).

En 2004, l’homme d’affaires entre au capital de l’assureur Sanlam, confirmant que la diversification était l’un des secrets de sa réussite. Sa fortune, estimée à 2,5 milliards de dollars, le place au dixième rang des plus riches africains, établit par le magazine Forbes.

En 2013, celui qui dirige une fondation à son nom rejoint The Giving Pledge ; il aurait fait don de la moitié de sa fortune à cette œuvre de charité pour favoriser la santé et l’éducation. Ce parcours sera-t-il suffisant pour convaincre une majorité de fédérations africaines ?

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Bien que né à Soweto, en janvier 1962, Patrice Motsepe vient d’une famille aisée, qui se revendique même de sang royal. C’est pourquoi, dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, il a suivi des études d’ordinaire réservées aux Blancs.