Souleymane Diallo, le témoin qui a menacé de ’’tuer’’ Simone Gbagbo, en pleine audience, a comparu, mercredi, devant la Cour d’Assises , brandissant des gris-gris sortis (amulette) de sa poche.

Après son premier témoignage devant la Cour, lundi, au cours duquel Souleymane Diallo a proféré des menaces ’’d’assassinat’’ contre Simone Gbagbo, le témoin avait brillé par son absence, mardi, à la barre. En réaction, la défense a sollicité et obtenu de la Cour la suspension de l’audience jusqu’à comparution ’’effective’’ de Souleymane Diallo.

A la reprise, ce mercredi, les avocats de la défense demandent des ’’gages sécuritaires’’ à la Cour pour leur cliente, estimant que ’’le témoin est un danger pour la prévenue’’ qui a déjà, essuyé ses menaces.

En réponse, le président de la Cour, Boiqui Kouadio rassure la Défense qu’elle n’a rien à craindre de Souleymane Diallo qui est appelé à la barre. Le juge lui demande les raisons de son absence de la veille. ’’Je n’avais pas eu le temps’’, répond-il, de façon péremptoire.

’’Est-ce que le témoin a été militaire ?’’, interroge Me Rodrigue Dadjé du collectif de la Défense. Le témoin répond par la négative. "Combien a-t-il tué de personnes ?", insiste l’avocat. Et Souleymane Diallo de répondre pour revendiquer qu’il a ’’tué ceux qui sont venus m’attaquer’’, citant des ’’Libériens’’ sur qui il dit avoir pris ’’24 fusils kalachnikovs pour équiper mes propres hommes’’.

En pleine audience, il sort un gris-gris (amulette) de sa poche, pour le présenter comme étant ’’sa protection’’ au moment des faits, précisant qu’il ne ’’connaît pas le nombre exact de ses victimes’’. Sur ces mots, M. Diallo se donne en spectacle en changeant d’habits à la barre.

Poursuivant, le témoin affirme que si ses victimes sont des Ivoiriens, il ’’les mettait en slip’’ pour les faire prisonniers. Quant aux non-Ivoiriens, ’’ils étaient tous tués’’, avoue -t-il, expliquant qu’il reconnaît ’’un combattant ivoirien d’un Libérien par la démarche’’.

A la question de savoir s’il a un permis de port d’armes, Souleymane Diallo répond par la négative et soutient que c’est ’’Mme Gbagbo qui était mon permis de port d’armes’’.

’’Est-ce que le témoin a vu Mme Gbagbo donner des ordres à Lamté pour venir tuer des personnes à Abobo ?’’, questionne la défense. ’’ Je n’ai jamais vu Mme Gbagbo, mais je considère que Lamté était proche d’elle (...), je sais que c’est elle qui a envoyé Lamté’’, insiste M. Diallo qui dans la foulée, menace encore l’ex-première Dame.

À cet instant, Souleymane Diallo devient incontrôlable et le juge a du mal à le maîtriser. Dans la colère que ’’les cibles des agresseurs de mon quartier étaient des personnes du Nord et du Centre’’, réitérant que c’est ’’Simone Gbagbo qui a fait venir à Abobo, Lamté, un étudiant’’ dont le père, avance -t-il, a reçu ’’des mains de Mme Gbagbo un véhicule 4x4 rouge’’.

’’Est-ce que le témoin était là quand Mme Gbagbo remettait le véhicule ? ", interroge Me Dadjé. Sur la question, le témoin réagit violemment. ’’Il faut réfléchir avant de parler au lieu de poser des questions », répond-t-il, fixant l’avocat droit dans les yeux. Sur ce, le président de la Cour suspend l’audience pour une heure.

A la reprise, la Partie civile diffuse 14 séquences vidéo présentant des scènes de crimes, à l’actif des proches de Laurent Gbagbo ou des Forces de défense et de sécurité. Des cas de viols en janvier 2001, des extraits d’une intervention de Jean Jacques Béchio, dans le cadre de l’émission télévisée ’’Raison d’État’’, des scènes de brûlures de personnes vivantes à l’aide de pneus enflammés... sont projetés.

Pour la Défense ces vidéos ne sont que des ’’montages grossiers’’ pour bon nombre d’entre elles. ’’La partie civile sait et qu’elle est sûre que Mme Gbagbo n’est pas du tout concernée par ces montages’’, assène Me Mathurin Djirabou.

’’On nous présente un leader politique (ndlr : M. Béguin) pour son opinion. En quoi ce film de Jean Jacques Béchio regarde Simone Gbagbo. En ce qui concerne la marche des femmes, ce sont des scènes non cohérentes. En plus, on ne montre pas en quoi Mme Gbagbo est concernée. C’est elle qui est jugée et non des pros-Gbagbo. Les vidéos sont des images mensongères. Aucune vidéo ne nous a montré Mme Gbagbo en train de commettre un crime ou donnant des ordres dans ce sens. Ensuite, on nous présente une vidéo des personnes en train d’être battues à la Maca et l’on l’attribue à Mme Gbagbo. Que la Partie civile se prenne au sérieux et qu’elle nous prenne au sérieux car nous sommes dans une affaire sérieuse’’, peste Me Toussaint Bobré.

Pour Me Rodrigue Dadjé ’’la vidéo sur les femmes à Abobo a déjà été taxée de fausse à la Cpi. La Partie civile présente donc un torchon qui a eu des limites pour la même affaire à la Cpi’’, a-t-il rappelé avant la suspension de l’audience par le président Boiqui pour être reprise le mardi 18 octobre 2016.

APA
Kaceto.net