Dans une Tribune publiée dans notre édition du 4 février dernier, André Eugène remerciait le gouvernement d’avoir remis le BAC à ses vrais propriétaires, c’est à à dire au ministère de l’Education nationale à la place de celui de l’Enseignement supérieur. Pour lui, le baccalauréat sanctionne les études de fin du second cycle et doit être organisé par le ministère de l’Education nationale. Un avis qui continue de susciter des polémiques.

Mon article sur la « remise du Bac à ses vrais propriétaires » (http://kaceto.net/spip.php?article9666) a suscité divers commentaires allant de l’enthousiasme jusqu’à me soupçonner de plaider pour un agenda caché. Trois types de réactions, incarnées par trois amis professeurs d’université, donc probables présidents du Jury du Bac, ont été avancées.
La première est que mon argumentaire est vrai mais « le style utilisé a été inutilement offensant ». En somme, le fond est juste mais l’emballage n’est pas bon.
La deuxième est que si le Bac n’est pas organisé par l’Université, et le Bac reconnu comme le premier diplôme universitaire, les titulaires du Bac n’auront plus droit à une inscription immédiate à l’Université. En clair, il sera instauré un concours d’accès à l’Université.
La troisième soutient que l’organisation du Bac par l’Université est un acquis (de haute lutte, pour parler comme les syndicalistes) et qu’il ne faut rien changer. C’est ainsi, d’ailleurs en France et dans la sous région, conclut-on.
Un autre argument, enfin, le quatrième, très léger celui-là, estime que tout ce rififi est une question de per-diem liés à l’organisation du Bac. Ces derniers y voient une bataille par les Professeurs d’Université pour s’accrocher des privilèges indus qu’ils perdront ou une lutte des gens du secondaire pour arracher de la bouche des profs d’université leur pain.
Personnellement, il y a plus de 5 ans que je n’ai pas « mis ma main » dans l’organisation d’un examen, même si ma position et mes structures ne donnent le droit. Ce n’est pas donc une rente que je recherche.
J’ai un profond respect et une admiration quasi religieuse pour tout enseignant que je ne voudrais point soupçonner une personne de veulerie, surtout pas un prof d’Université. De toutes les façons, quelque soit le ministère ou l’institution qui organisera le Bac, s’il y a de l’argent à partager, l’on le partagera. Donc, cet argument ne pèse pas le poids d’une plume d’oiseau.
Quant au troisième point, ce n’est pas parce que en France ou dans la sous région le Bac est dit « premier diplôme universitaire », que nous sommes obligés d’accepter un mensonge, même s’il dure plus de 40 ans. Ce qui n’est pas vrai n’est pas vrai. Et cela n’est pas fonction de celui qui le professe.
Concernant la prétention qui donne droit à une inscription automatique à l’université, parce que 1er diplôme, l’argument est tellement spécieux qu’il ne résiste à aucune analyse. Si aujourd’hui, le gouvernement décide que c’est le CEP qui donne droit d’entrer à l’Université, il en sera ainsi. A contrario, s’il décide que sans 15/20 de moyenne, nul n’entrera à l’Université, il en sera ainsi aussi. En logique, si les prémisses sont fausses, la conclusion sera fausse. Autre chose est du sophisme. Dans la praxis, on le nomme de la manipulation. Cela dit, je ne doute guère que les pêcheurs en eaux fangeuses, vont tenir leurs réunions nocturnes pour troubler la quiétude des élèves, les manipuler et semer les germes de la contestation et des grèves. Il y aura de la grogne. Nul n’a besoin d’un dessin.
Poursuivons. Le Bac n’est pas une condition dirimante pour accéder à l’Université. D’ailleurs, avant la Réforme Licence-Master-Doctorat (LMD), le premier diplôme universitaire, s’appelait justement, le très bien nommé : Diplôme Universitaire Générale de 1ere année (DEUG I). Le Bac n’était pas l’unique et seule condition pour entrer à l’Université. Une preuve ? J’ai été admis à l’Université en mai 1982, matérialisée par la lettre N°50 du 14 juin 1982, du Recteur, Professeur Y.A.TOGUYENI, de vénérée mémoire, pendant que je n’avais que mon simple CEP. Je n’avais pas encore mon BEPC que j’ai obtenu en juin 1982, donc après mon admission à l’Université. Concernant le Bac, je ne l’ai jamais eu puisque je ne l’ai jamais passé.
Le Bac est un diplôme de fin du second cycle. Ce sont les acteurs du ministère de l’éducation qui le prépare pendant les trois ans : écriture des programmes, enseignement, proposition de sujets, réception des candidatures, administration des sujets, supervision et correction des copies, déroulement des examens dans les locaux des établissements secondaires. Le seul moment où intervient le ministère de l’Enseignement supérieur, c’est quand le Président du Jury, Professeur d’université, réquisitionné pendant 21 jours, vient et attend à la fin de la session pour signer l’attestation de succès au Bac. Si jadis, la force a primé le droit, rappelons-nous que toutes les luttes consistent à rectifier les abus et à remettre les choses à l’endroit.
Maintenant que le gouvernement a estimé que l’abus de pouvoir a trop duré et qu’il faut tourner la page, les personnes honnêtes devront fédérer leurs énergies afin que cette justice rendue ne soit pas source d’une autre injustice. Mais là, c’est le combat des hommes et de femmes bien.

André-Eugène ILBOUDO
Fondateur du Groupe scolaire l’Académie et directeur de la Radio des Ecoles