Face aux défis écologiques, sanitaires et politiques présents et à venir du Sahel, un nouveau programme d’appui viendra en aide aux activités agropastorales et économiques dans six pays de la région. Il est censé donner une nouvelle dynamique à un écosystème mis à l’épreuve.

Il bénéficiera à un million de ruraux. Appuyé par le FIDA (Fonds international de développement agricole), un nouveau programme régional bénéficie d’un budget de 180,4 millions de dollars. Premier du genre, ce programme redynamisera les activités économiques et les systèmes alimentaires dans cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger) et au Sénégal.

Le FIDA a financé 93 projets dans les pays du G5 Sahel et au Sénégal, d’une valeur totale de 3,37 milliards de dollars, dont 1,66 milliard $ apportés par le Fonds, et qui ont profité directement à près de 4 millions de ménages ruraux.

Les accords de financement ont été signés à N’Djamena lors du Sommet ministériel du G5 Sahel par les représentants des différents pays concernés. Le projet sera développé sous le nom de Programme conjoint régional Sahel en réponse aux défis Covid-19, conflits et changements climatiques, le SD3C.

Sur une période de mise en œuvre de six ans, le programme comprendra des activités financées par le FIDA qui seront exécutées en deux phases de trois ans chacune, dont les montants respectifs sont estimés à 55,7 millions et 53,3 millions $.

En plus de l’enveloppe de 43,3 millions $ approuvée en décembre 2020, le FIDA apportera des financements d’un montant de 65,6 millions $ par l’intermédiaire des futurs cycles de financement ou de partenaires de développement. Le Fonds vert pour le climat contribue à hauteur de 71,4 millions $ au programme conjoint.

Ce programme conjoint régional sera mis en œuvre avec les organisations des Nations unies (FAO et PAM), ainsi qu’avec le G5 Sahel et le Fonds vert pour le climat. « Leur action concertée permettra de renforcer la résilience des populations rurales touchées par les conflits, les changements climatiques et la pandémie actuelle de Covid-19 », considère le FIDA dans un communiqué.

Grâce à leurs synergies, les trois organisations – basées à Rome – et leurs États membres visent à intensifier la collaboration pour soutenir les objectifs de développement durable.

La plupart des pays visés par le programme SD3C se trouvent en situation de conflit, en particulier dans les zones transfrontalières, ce qui accroît leur fragilité. Les attentats terroristes sont fréquents et touchent souvent des cibles non militaires, comme les populations civiles, notamment dans les zones rurales reculées. Les déplacements de population ont créé d’immenses vagues de déplacés et de réfugiés, dont la vulnérabilité économique est exacerbée par la pandémie de Covid-19.

Apprendre les bonnes pratiques

Le programme SD3C renforcera les partenariats commerciaux entre les agriculteurs et les éleveurs, grâce à des activités de formation et à la consolidation des marchés transfrontaliers d’intrants et produits agricoles.

Les marchés et les infrastructures rurales, notamment les routes et la petite irrigation, seront développés. La promotion des systèmes d’information sur le marché et des échanges en monnaie électroniques, à l’aide de plateformes informatiques, permettra de sécuriser les transactions aux frontières.

Les femmes, pour qui en règle générale l’accès à la terre et à des financements est plus difficile, représenteront 50 % des participants au programme. Environ 40 % seront des jeunes, confrontés à des taux de chômage élevés.

Ils recevront une aide pour lancer des activités productives afin d’obtenir des revenus décents. Les paysans sans terre et les éleveurs transhumants ont aussi à gagner des activités du programme. Compte tenu de la crise sanitaire, les bénéficiaires apprendront les bonnes pratiques de gestion du marché et d’hygiène en vigueur, ainsi que les mesures sanitaires appliquées pour atténuer la propagation du virus.

D’autre part, Nadine Gbossa du FIDA, rencontrera de hauts responsables gouvernementaux pour discuter des partenariats et des nouveaux investissements du FIDA dans le pays. Elle visitera le Projet de renforcement de la productivité des exploitations agropastorales, pour évaluer l’impact des investissements du Fonds sur les petits producteurs des zones rurales du pays.

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