"Effet ciseau », « tuyau percé », " plafond de verre », autant d’expressions qu’on utilise pour évoquer les difficultés que rencontrent les femmes dans l’accès aux sphères de décision. Certes, les lois sont de plus en plus libérales dans la promotion du Genre, le chemin reste encore long pour que l’accès de la femme à un poste stratégique soit une banalité.
Dans la recherche par exemple, Dr Bougouma montre dans la tribune ci-contre que les préjugés sont encore vivaces alors que dans l’histoire, des célébrités féminines auraient pu battre définitivement en brèche certains préjugés.

Bien que les parcours scolaires des femmes n’aient rien à envier à ceux de leurs homologues hommes, elles sont non seulement moins nombreuses que les hommes à poursuivre des études en doctorat, mais encore beaucoup moins nombreuses à faire une carrière universitaire.
Plus on monte dans la hiérarchie socio professionnelle, plus elles sont rares : comme si les fonctions femme professionnelle et ascension professionnelle étaient inverses. Le drame, c’est que ce constat résulte d’un processus construit, entretenu et reproduit systématiquement dans toutes nos composantes sociales. Les théories sociologiques de « l’effet ciseau », le « tuyau percé » ou encore le « plafond de verre », illustrent éloquemment les résultats de cette construction sociale.
Et pourtant l’histoire de l’évolution scientifique, célèbre élogieusement des destins féminins hors du commun qui devaient définitivement battre en brèche toute idée qu’il faut être un homme pour suivre des cours à La Sorbonne ou manipuler des éprouvettes à Oxford.

Mais la vivacité des préjugés, le sentiment d’infériorité et la chosification acceptée des femmes sont telles, qu’on en est encore à se poser la question centrale de la place des femmes dans la recherche en ce début de XXIe siècle.
Aujourd’hui, en dépit de la disparition des obstacles institutionnels, la place des femmes dans la production de la connaissance reste marginale, plus encore dans les universités et centres de recherche. Une division du travail s’est ainsi recomposée au sein de l’université où les femmes sont plus enclines à s’investir dans l’enseignement et l’administration que dans la recherche, alors que la carrière académique est essentiellement déterminée par les programmes de recherche et les publications scientifiques.
Que les femmes soient plus nombreuses et de plus en plus visibles est un acquis du XXe siècle. Le XXIe siècle leur permettra-t-il de montrer toute l’étendue de leurs compétences, dans l’apprentissage, la production et la diffusion des connaissances ? Entendu, que la recherche d’une amélioration de la place des femmes à l’université ne doit point dépendre de l’atteinte d’une parité statistique, mais bien le résultat d’une véritable réflexion sur le processus de construction de savoirs et de connaissances qui ne s’embarrassent pas du sexe des acteurs et actrices de sciences, c’est tout le mal que nous leur souhaitons.

Dr Bougouma Edith Christiane
PharmD, PhD en Santé Publique /Microbiologie
Email:bougouma.cedith@gmail.com