Alors que la situation du Niger, frappé par un coup d’Etat, est au cœur des préoccupations et que l’assignation à résidence de Mohamed Bazoum, le président renversé, est dénoncée de part et d’autre, le nouveau gouvernement a annoncé son intention de le poursuivre en justice.

Le président renversé, Mohamed Bazoum, pourrait se retrouver au cœur d’une enquête et d’un procès judiciaires. Dans la nuit du dimanche 13 août, le gouvernement nouvellement formé par les militaires au Niger a menacé de le « poursuivre » pour « haute trahison » et « atteinte à la sûreté » du Niger.

« Le gouvernement nigérien a réuni, à ce jour, les éléments nécessaires de preuves, pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes, le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger », a déclaré le colonel major Amadou Abdramane, un des membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dans un communiqué lu à la télévision nationale.

Depuis le coup d’Etat du 26 juillet dernier, c’est seulement début août que des informations ont filtré sur l’assignation à résidence du président Bazoum, retenu dans le sous-sol de la présidence avec sa famille. Le 3 août dernier, dans une tribune du Washington Post, il a déclaré être « un otage ». Se disant préoccupé par le sort du Niger, il avait sollicité l’aide de la communauté internationale, dans une diatribe dénonçant la junte et des arrestations illégales.

Ce communiqué survient alors que les tractations se poursuivent, sur fond d’un bras de fer entre les dirigeants de la CEDEAO et les militaires réunis au sein de l’organe au pouvoir, le CNSP, dont le président, le général Tchiani a au départ éconduit des délégations, avant de se montrer plus réceptif aux sollicitations, se disant ouvert à la voie diplomatique et pacifique. Depuis samedi 12 août, une délégation de chefs religieux nigérians est à Niamey et aurait reçu cette assurance de Tchiani.

Le 28 juillet dernier, aux premières heures de sa prise de pouvoir, le nouveau chef de l’Etat, Abdourahamane Tchiani, a justifié ce coup d’Etat par « la dégradation continue de la situation sécuritaire au Niger et la mauvaise gouvernance économique et sociale ». Il avait en outre dénoncé une mauvaise gestion de la crise sécuritaire et une forme d’injustice et de trahison émanant du chef de l’Etat déchu envers sa garde rapprochée ou même des forces armées.

Pour rappel, depuis jeudi 10 août, les pays ouest-africains qui condamnent le putsch ont opté pour l’activation immédiate de la Force en attente de la CEDEAO et ordonné son déploiement en République du Niger. Cela, tout en privilégiant la voie diplomatique. Le bloc poursuit alors les négociations en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, et la force sera envisagée en dernier recours.

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