un Français jugé pour avoir abusé de dizaines de garçons mineurs
En France, il s’inventait une vie de famille pour paraître « comme tout le monde ». Au Sri Lanka, en Tunisie et en Egypte, le quinquagénaire, jugé depuis lundi aux assises à Versailles, reconnaît avoir abusé de dizaines de jeunes garçons.

Du fait du nombre de victimes recensées, 66, il s’agit, selon les associations présentes, du plus important procès de Français pour des crimes sexuels à l’étranger. Faute de preuves et de plaignants, de telles audiences sont rares au regard de l’ampleur du tourisme sexuel.
Dans le box, Thierry Darantière, 53 ans, ancien directeur d’une maison de retraite catholique, comparaît détenu.
Pull marron sur chemise rayée, traits marqués, voix tremblante, il tient, en préambule, à exprimer « des regrets qui paraissent futiles » « à ces jeunes que je ne reverrai jamais ».
La justice l’accuse notamment de viols et agressions sexuelles, corruption de mineurs, recours à la prostitution de mineurs, enregistrement et diffusion d’images pédopornographiques, entre 2002 et 2011.
C’est le FBI, la police fédérale américaine, qui l’avait repéré en interceptant sur internet en 2011 des dizaines d’images le montrant abusant de jeunes garçons. La police française l’avait interpellé l’année suivante.
Dans les disques durs saisis chez lui, les enquêteurs ont recensé des milliers de photographies et des centaines de vidéos le mettant en scène avec des mineurs, lors de voyages en Tunisie, en Egypte. Et à 21 reprises au Sri Lanka, après le tsunami de 2004, pour le compte de deux associations humanitaires ou les vacances.
Au total, 41 victimes de 6 à 17 ans ont été recensées en Tunisie, 19 au Sri Lanka, et six de 12 à 17 ans en Egypte.
Devant les enquêteurs, l’homme s’était décrit comme un « bisexuel à caractère pédophile », « solitaire », « malade », nécessitant « des soins ». Pour autant, il avait contesté avoir forcé les enfants, expliqué les avoir rémunérés en cadeaux ou en argent, nié avoir abusé d’enfants de moins de 13 ans.
 « No-limit » à l’étranger -
Devant la cour qui examine sa personnalité, l’accusé raconte, en sanglotant parfois, une famille catholique très pratiquante où l’homosexualité est impensable.
Célibataire, il n’a « jamais » eu de rapport intime avec un adulte en France mais s’invente une vie de famille au moment de prendre les rênes d’une maison de retraite au Pecq, dans les Yvelines. Une femme rêvée, un enfant prénommé comme son neveu, « comme tout le monde ».
Des relations homosexuelles en France ? interroge le président. « Non, c’était l’interdit le plus absolu, j’avais peur qu’on sache quelque chose, j’avais quand même une image sociale ».
A l’étranger, en revanche, de jeunes garçons le sollicitent, assure-t-il : « Je me suis dit, comment eux ils peuvent en parler comme ça ? » « C’est un parcours initiatique qui me fascine, je me suis dit : +Tiens, c’est possible, on peut le faire à l’étranger+ ».
« C’est pas parce que vous aviez une orientation homosexuelle que vous deviez être attiré par les mineurs », rétorque le président. « C’est de la lâcheté de ma part », répond l’accusé. « Je ne connaissais pas les gestes ! Les victimes que j’ai abusées en connaissaient largement plus ».
« La pédophilie n’est pas assumée », résume un expert psychiatre. « L’étranger est le terrain du +no-limit+, la France le terrain d’une existence conformiste. » Il complète : « Dans sa tête à lui, c’est pas des victimes, c’est des partenaires ».
En 2000, Thierry Darantière avait été condamné à un an de prison avec sursis pour atteintes sur mineurs en Autriche en 1994.
Trois organisations de défense des droits des enfants se sont constituées partie civile : La Voix de l’enfant, Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) et Ecpat France.
« Et si des enfants sur une plage de Vendée ou de Bretagne vous avaient fait ce genre de sollicitations ? » interroge Me Emmanuel Daoud, avocat de l’Ecpat. L’accusé hésite : « Je vois pas quoi répondre à votre question ».
L’avocat reprend : « En Tunisie, est-ce que l’occasion a fait le larron ? » « Malheureusement, sans doute ».
Verdict jeudi.

Source AFP
Kaceto.net