L’ancien président du Niger, Mahamoudou Issoufou a indiqué via son avocat qu’il allait porter plainte pour diffamation contre l’ex ambassadeur de la France au Niger, Sylvain Itté, contraint de quitter son poste après le coup d’Etat du 26 juillet 2023

« Je soussigné Me Illo Issoufou, avocat au Barreau du Niger, apporte avec force un démenti, auprès de l’opinion publique nationale et internationale, aux propos tenus par M. Sylvain ITTE, ambassadeur de France au Niger lors de son audition du mercredi 29 novembre 2023 par la commission de la défense nationale et des forces armées de l’assemblée nationale française », indique le communiqué de la défense du président Mahamadou Issoufou.

Auditionné le 29 novembre 2023 par les députés membres de la Commission de la défense nationale et des forces armées sur les événements intervenus au Niger le 26 juillet ayant conduit à la destitution du président Mohamed Bazoum, à son départ de Niamey et à la fermeture de l’ambassade de France au Niger, l’ex ambassadeur Itté a tenté d’apporter des réponses aux questions des députés, inquiets de la perte de la présence française en Afrique noire francophone.
Le député de la France insoumise – Nouvelle Union Populaire écologique et sociale (LFI-NUPES) Bastien Lachaud a posé la question suivante à l’ex ambassadeur : " On ne compte plus les coups d’État dans la bande sahélo saharienne alors même que nous disposions de milliers de soldats sur le terrain et que tous nos services de renseignement étaient présents. Comment peut-on expliquer une telle faillite de nos services ? "
Voici la réponse de l’ambassadeur qui lui vaut de devoir répondre devant la justice : "Voilà qui me donne l’occasion de revenir sur une question à laquelle
je n’avais pas répondu : « Pourquoi n’avez-vous rien vu ? ». C’est que ce coup d’État est dû à
un paramètre que personne ne pouvait imaginer : l’implication directe de l’ancien président
Issoufou, dont on peut avancer sans grand risque de se tromper qu’il a fomenté ou pour le
moins accompagné le coup d’État contre son successeur". Selon lui, il s’est établie "une distorsion entre le président Bazoum, homme éclairé qui avait une vision pour son pays mais qui était sans doute en décalage assez marqué avec le reste de sa société, et une administration nigérienne d’une très grande faiblesse au-delà même des questions de corruption. Le président Bazoum traçait son chemin avec des idées claires, par exemple au sujet de l’éducation des filles, je vous l’ai
dit. Mais ses idées n’avaient rien d’évident pour la partie patriarcale traditionnelle de la
société nigérienne, qui ne voulait pas entendre parler de pas pouvoir marier ses filles à 12 ans.
Il s’est donc heurté à des gens, a peut-être eu des paroles maladroites ou qui ont semblé l’être,
et il s’est progressivement coupé de la réalité du pays".
Au plan strictement politique, " leParti nigérien pour la démocratie et le socialisme, le PNDS-Tarayya, créé par M. Bazoum avec M. Issoufou, était devenu un parti pour une part extrêmement
corrompu et directement lié au trafic du pétrole géré par les Chinois. Une des raisons du coup
d’État est que le président Bazoum, dans la perspective d’une augmentation importante de la
rente pétrolière – le pays devait passer de 20 000 à 120 000 barils par jour avec le pipeline
partant des zones de production jusqu’au port de Cotonou –, s’est attaqué à dater du mois de
mars à la gouvernance pétrolière. Le jour du coup d’État devait se tenir un conseil des
ministres pour créer une nouvelle société pétrolière dont le gouvernement nigérien aurait été
majoritaire, et le président Bazoum avait refusé que le directeur général soit celui qui lui était
proposé par le ministre du pétrole et qui n’était autre que le fils Issoufou"

Dominique Koné
Kaceto.net