Le Collectif pour un peuple uni (CPPU) se demande s’il y a une politique de deux poids deux mesures dans les affaires juridiques concernant les ex associés Inoussa Kanazoé et Moussa Koanda. C’est la substance de leur lettre ouverte adressée au procureur du Faso et publiée ci-dessous in extenso.

Madame le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou

Le mercredi 19 avril 2014, le PDG du groupe CIM METAL, Inoussa Kanazoé a été arrêté dans son bureau sis à l’avenue Kwamé Krumah à Ouagadougou avec plusieurs de ses collaborateurs, lesquels seront déférés quelques jours après leur garde à vue. Le 24 avril 2017, vous animiez une conférence de presse pour porter à l’opinion publique que des soupçons de fraude fiscale et de détournement pesaient sur l’homme d’affaire Inoussa Kanazoé et ses collaborateurs suite aux publications du journal d’investigation « Courrier confidentiel ».

Vous aviez en son temps déclaré que la justice suivrait son cours de façon sereine pour déterminer les responsabilités des uns et des autres. Même si des observateurs de la vie nationale s’étaient étonnés de la tournure rapide des choses que d’autres affaires similaires n’ont pas connue, nous avions réaffirmé notre confiance à la Justice, convaincus que la vérité ne tarderait pas à faire jour.

Mais voilà ! A l’occasion de l’affaire de tentative d’assassinat de monsieur Inoussa Kanazoé, un certain nombre de faits nous amène à poser des questions. En effet, suite à la plainte déposée par celui-ci, Moussa Kouanda, interpellé le jeudi 29 juin dernier par la gendarmerie de Boulmiougou et les deux autres personnes impliquées comme exécutants de l’acte en préparation, à savoir Abdoulaye Tindano et Abdoulaye Coulibaly, vous ont été présentées le lundi 3 Juillet 2017. Après leur audition, ils ont été libérés dans la soirée.

Permettez-nous en tant que justiciable de faire le parallèle entre les deux affaires et d’analyser les suites à elles données. Dans la première affaire, vous vous êtes saisis sur la base des dénonciations d’un journal pour pouvoir élucider les soupçons de fraude fiscale qui pesaient selon vous sur Inoussa Kanazoé et ses collaborateurs. Et par la suite, lesdits collaborateurs après plusieurs jours de détention, ont été libérés sous caution (des centaines de millions de FCFA ; presqu’une première dans l’histoire judiciaire de notre pays).

Mais dans la deuxième affaire, malgré les aveux des personnes commises à la basse besogne de l’assassinat de monsieur Inoussa Kanazoé et d’autres éléments de preuve, elles ont été libérées. Et leur conseil a même déclaré dans un journal que l’affaire a été classée sans suite faute d’éléments de preuve. Avouons madame le procureur du Faso, que sans être spécialiste des procédures applicables devant vous, ces faits déroutent et inquiètent même.

Comment des hommes soupçonnées de tentative d’assassinat et qui ont même avoué peuvent être libérées aussi facilement ?

Ne court-on pas le risque de laisser dans la nature des personnes qui seraient tentées de revenir à la charge contre monsieur Inoussa Kanazoé ? Pourquoi le groupe CIM METAL dont les investissements lourds ne peuvent être déplacés comme des boutiques, a été paradoxalement victime de ces rumeurs malveillantes sur une probable fuite de ses premiers responsables, ce qui nécessitait leur interpellation manu militari ? Ce sont autant d’interrogations que nous tirons de la suite donnée à ces deux affaires.

Tout en vous réitérant notre confiance à la Justice, nous espérons obtenir des réponses à ces interrogations, toutes choses qui nous conforteront dans le fait que tous les Burkinabè sont égaux devant la loi.

Abdallah Bafa Ben Azise OUATTARA

Coordinateur du CPPU