Hier 28 novembre, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié les résultats provisoires des élections législatives tenues le 22 novembre dernier.
Au vu des résultats, quels enseignements peut-on en tirer ?
Premièrement, le taux de participation qui était de 60% en 2015 chute à 50% . Les Burkinabè ne se sont pas trop mobilisés par ce double scrutin présidentiel législatif auquel compétissaient 126 partis et formations politiques contre 99 cinq ans plus tôt. Après l’insurrection populaire d’octobre 2014 et le coup d’Etat de septembre 2015, les Burkinabè avaient sans doute éprouvé le besoin de donner une forte légitimité au nouveau pouvoir qui allait s’installer.
Deuxièmement, le grand gagnant de ces législatives est incontestablement le Nouveau temps pour la démocratie (NTD) de Vincent Dabilgou, qui multiplie son score de 2015 par 4, passant de 3 à 13 députés. Une nouvelle force dans la majorité avec laquelle il faudra compter dans la formation du gouvernement.
Avec 56 députés, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) améliore très légèrement son score de 2015 qui était de 55 députés. Le parti au pouvoir n’a donc pas atteint son objectif qui était d’obtenir à lui seul la majorité absolue à l’assemblée. Il va à nouveau falloir nouer des accords de gouvernement avec les partis membres de l’Alliance des paris de la majorité d( APMP), notamment l’UNIR/PS de Maitre Sankara qui conserve son score de 2015 avec 5 députés.
Quant au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il améliore son score de deux (2) sièges, passant de 18 à 20. Son président devient d’office le chef de file de l’opposition politique à la place de Zéphirin Diabré, le perdant de ces consultations présidentielle et législatives.
Non seulement il arrive troisième à la présidentielle derrière Roch Kaboré (57,87%) Eddie Komboïgo (15,48%), mais son parti dégringole de la deuxième à la quatrième place en termes de de sièges à l’assemblée nationale. Cette contre-performance est la conséquence des crises qui ont frappé l’UPC depuis 2015, avec d’abord la fronde de 13 députés, puis à la veille du scrutin, le départ de certains cadres du parti dont Nathanaël Ouédraogo, 3è adjoint au maire de Ouaga et le Poé Naba.
Que fera à présent l’ex chef de file de l’opposition ? Zéphirin Diabré a annoncé qu’il ne sera plus dans le CFOP, mais on ignore s’il a l’intention de rejoindre soit la majorité présidentielle, soit l’Opposition affiliée (ONA).
Trosièmement, sans avoir obtenu la majorité absolue à l’assemblée nationale, le MPP reste la première force politique du Burkina. Avec ses alliés, il peut constituer une très confortable majorité à l’assemblée nationale, pas moins de 80 députés, ce qui permettra au président et au gouvernement d’avoir les coudées franches pour opérer les réformes dont le pays a besoin pour se moderniser et pour apporter plus de justice sociale.

Joachim Vokouma
Kaceto.net