C’est sur un théâtre d’opération que le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré est apparu hier soir sur les écrans de la télévision nationale dans son adresse à la nation, à l’occasion de la célébration aujourd’hui 11 décembre 2023, du 63è anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays.
Un discours de 17 mn essentiellement centré sur la guerre, mais aussi sur les chantiers du développement, les relations avec les nouveaux partenaires et les efforts que les Burkinabè doivent continuer de consentir pour recouvrer leur souveraineté.
De son discours, on retiendra que la guerre contre les groupes terroristes qui endeuillent notre peuple n’a pas encore véritablement commencer mais ne saurait tarder. Des ajustements ont été apportés dans l’organisation de nos forces armées aussi bien terrestres qu’aériennes et des équipements de dernière génération ont été acquis au profit de nos combattants qui vont pouvoir cracher un peu plus le feu sur l’ennemi. "Je lance encore un appel à ces égarés : il est encore temps de déposer les armes parce que viendra un moment, on le répète encore, où il ne sera plus possible" a t-il prévenu.
Le chef de l’Etat s’est réjoui de l’engagement du peuple burkinabè à financer sa propre guerre par des contributions diverses et l’a invité à plus d’efforts en 2024 afin d’améliorer la prise en charge des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Il faudra donc s’attendre à de nouvelles impositions, de nouvelles contributions patriotiques à l’effort de guerre, le prix à payer pour mieux combattre "l’impérialisme et ses valets locaux" et recouvrer l’intégrité du territoire burkinabè.
Pour l’histoire, voici l’intégralité de son discours, retranscrit par Kaceto.net

Camarades combattants pour la liberté, pour la paix et l’indépendance réelle,

C’est un plaisir pour moi et un honneur réel de m’adresser à vous en ce jour mémorable marquant donc le 63è anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre chère patrie le Burkina Faso.
Mais avant tout propos, permettez-moi de rendre grâce à Dieu tout puissant qui nous a permis aujourd’hui de pouvoir nous tenir ici et nous adresser à la nation entière.
Permettez-moi également de rendre donc un hommage à tous ces combattants qui bravent vents et marrées et qui nous permettent de survivre.
Permettez-moi de rendre hommage à tous ceux qui ont perdu la vie dans ce combat ; tous ceux qui sont aujourd’hui sur les lits d’hôpitaux et qui cherchent à recouvrer la santé, nous prions Dieu pour qu’il leur accorde meilleure santé ; que les êtres chers que nous avons perdus, que la terre libre du Burkina Faso leur soit également légère.

Camarades,

Permettez-moi une fois de plus, de rendre hommage à tous ces files et toutes ces filles du Burkina Faso, restés à l’arrière qui ne ménagent aucun effort pour permettre à ceux qui sont au front de pouvoir se battre ; tous ceux qui contribuent à l’effort de guerre, tous ceux qui sont engagés, qui prient jour et nuit pour que la paix puisse revenir au Burkina Faso.
Je veux ici mettre en garde les valets locaux de l’impérialisme qui sont en arrière ici avec nous à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, de changer de fusil d’épaule parce qu’il est temps, il est temps qu’on arrête et qu’on puisse voir dans la même direction et agir pour que le Burkina puisse recouvrer la paix ; nous n’allons plus dérouler le tapis rouge à ces valets locaux parce qu’il y a un temps à toute chose.
Il y a de cela plusieurs années, le Burkina Faso connait la page la plus sombre de son histoire.
De quoi s’agit-il ? De terrorisme qui nous est imposé, qui nous endeuille et qui nous empêche de vivre et qui n’est qu’une manifestation violente de l’impérialisme. Ces impérialistes, en plus de piller nos Etats, en plus de nous spolier à travers les valets locaux qu’ils ont mis à la tête de nos Etats, Etats d’ailleurs qu’ils considèrent comme étant leurs sous-préfectures, aujourd’hui a atteint son paroxysme en nous envoyant une horde de criminels qui tuent hommes, femmes et enfants. Nous supposons que c’est l’apogée de l’impérialisme et du néo-colonialisme.
Le vaillant peuple du Burkina Faso va les accompagner dans le déclin. Il y a un an de cela, nous nous sommes offusqués et nous nous sommes révoltés contre la manière de mener cette guerre ; le peuple nous a confiés une mission, nous ne doutons aucunement de notre peuple, de sa vaillance, de sa résilience, ce peuple qui n’abdique jamais, qui n’abandonne pas, qui fait face à l’adversité. Nous avons décidé en toute âme et conscience de prendre la destinée de cette patrie et de mener la guerre parce que la guerre pourrait durer si jamais on ne la menait pas ; en témoignent ces cellules dormantes qui se sont subitement réveillées lorsque nous avons décidé d’enclencher le combat ; ces derniers jours vous avez pu remarquer l’intensité de la bataille qui nous réconforte dans notre thèse qu’il y avait plusieurs cellules dormantes qui devaient entretenir cette guerre pendant des décennies et des décennies.
En engageant cette bataille, nous avons fait appel aux fils et aux filles de la nation ; nous ne doutions point, les gens ont répondu présent plus que ce que nous estimions et aujourd’hui encore, les gens sont plus déterminés à s’engager pour la bataille ; nous remercions ce vaillant peuple d’avoir compris ce message.
En plus de cela, nous avons souhaité que le peuple finance sa propre guerre, ce qui a été compris et aujourd’hui, les gens soutiennent, appuient les forces combattantes comme ils peuvent ; beaucoup de choses sont faites mais nous allons encore demander plus de sacrifices. Merci à ce peuple qui a compris que la seule manière d’y arriver, c’est de faire sa propre guerre une bonne fois pour toute.
En venant donc à la tête de l’Etat, nous avons trouvé une armée en sous-effectif, mal équipée, mal organisée, peut-être mal entrainée ; il s’est agi pour nous dans un premier temps de faire appel rapidement aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui ont répondu et aussi de les équiper, ce qui ne fut pas une tâche facile. Dieu merci, nous sommes arrivés à équiper tous ceux que nous avons pu recruter ; au sein de l’armée, déjà pour 2023, l’armée de terre a recruté plus de 11 000 hommes, 5000 autres sont en phase d’être recrutés dans les jours à venir.
S’agissant de la réorganisation, très vite nous avons compris qu’il nous fallait des unités organiques, ce qui a conduit à créer dans un premier temps six (6) Bataillons d’intervention rapide (BIR), et ensuite six (6) autres BIR qui ont rejoint les autres groupes des forces armées. Aujourd’hui, sept (7) BIR sont prêts, certains ont commencé leur déploiement et d’autres vont se poursuivre dans les deux à trois semaines à venir. Cinq (5) autres BIR sont construction et en formation pour renforcer les rangs de ces BIR. Deux (2) Bataillons d’intervention aéroportés ont été créés dont un est déployé dans la zone de Boromo et l’autre sera déployé dans les jours à venir dans la zone de Koudougou.
Du côté des forces de sécurité intérieure aussi, de gros efforts ont été faits ; pour le cas de la police par exemple, nous avons réorganisé les forces pour les constituer en groupement d’unité d’intervention qui sont donc aux côtés des forces armées pour mener le combats ; douze (12) GUMI ont été crées dans ce sens et d’autres sont en phase d’être créés.
Au sein de la gendarmerie, nous avons renforcé les effectifs par le recrutement donc d’environ 3000 auxiliaires ; une première phase est terminée, l’autre est en formation. Dans les rangs des Eaux et forêts, nous avons spécialisé une bonne partie pour former une unité qui pourrait agir dans les forêts et cette unité est aujourd’hui prête qui pourrait s’engager éventuellement.
Toutes les autres forces de sécurité intérieure ont pu être dotées en équipements tels qu’ils n’en jamais connu de leur histoire, mais ce n’est que le début parce que nous continuerons à les équiper et à monter en puissance.
Du côté de l’armée de l’air, il a fallu à un moment donné revoir donc notre potentiel aérien ; aujourd’hui nous pouvons dire fièrement que le Burkina Faso est doté d’appareils de dernière génération qui nous permettent de scruter notre territoire à partir des cieux, ce qui nous permet d’engranger un certain nombre de résultat. Les terroristes peuvent aujourd’hui se déplacer d’un point A à un point B, peut-être mener des attaques mais ils ne repartiront pas sains et saufs parce que nous les suivons, nous les traquons jusque dans leur dernière demeure. Il est encore temps pour ceux-là qui ont été trompés, qui se sont engagés dans cette bataille de déposer les armes parce que viendra un moment où il ne sera plus possible de déposer les armes. Tous ces bataillons sont en train de se déployer, du matériel est en cours de route dans les deux trois semaines à venir et lorsque tout sera réuni et que ces bataillons auront rejoint leur emplacement, cette phase de développement de la guerre tant attendue, les choses sérieuses pourront commencer.
Je lance encore un appel à ces égarés : il est encore temps de déposer les armes parce que viendra un moment, on le répète encore, où il ne sera plus possible. Le Burkina Faso a décidé de se battre et nous nous battrons jusqu’à la victoire finale.
Pour l’équipement, nous avons fait beaucoup d’efforts avec la compréhension donc de ce peuple qui a accepté se sacrifier. Aujourd’hui, les unités sont équipées et ça continue de s’accroître parce que nous voulons d’une armée professionnelle, une armée qui va défendre le Burkina Faso à l’intérieur de ses frontières, même au-delà, mais pour l’intérêt du peuple burkinabè. Nous allons continuer à renforcer les rangs pour que plus jamais, ces situations sombres que nous avons connues ne puissent survenir à l’avenir avec nos enfants, nos petits enfants.
Pour accompagner tout cela, il a fallu aussi du côté de la santé, augmenter les capacités de nos plateaux techniques de nos hôpitaux et de certains CMA qui appuient les FDS lorsqu’il y a des évacuations de blessés ; ça nous a permis d’acquérir un certains nombre d’appareillages et l’ambition pour nous c’est de construire des hôpitaux modernes pour permettre à nos infirmiers et nos médecins d’exprimer tout leur potentiel.
Ce processus est en cours ce qui a nous permis de pouvoir contracter donc l’hôpital de Gaoua et c’est ce modèle d’hôpital que nous voulons dans chaque région et qu’on puisse permettre à nos vaillants soignants d’exprimer leur potentiel, leur savoir. Toujours dans le volet de santé, il y a eu cette épidémie de la dengue qui a fait beaucoup de victimes dans nos rangs, beaucoup ont perdu des êtres chers. Toutes nos condoléances à tous ceux qui ont été touchés par cette épidémie.
Mais cela nous rappelle quelque chose : nous devons revoir notre plan de salubrité et d’assainissement.
L’initiative présidentielle pour le développement communautaire qui na été lancée récemment prendra en compte ce volet et j’invite donc toute la population à se mobiliser pour que nous puissions assainir notre milieu.
Dans le domaine de l’agriculture, nous avons décidé de nous fixer une mission d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2024. Un défi ! Pour 2023, nous avons lancé l’initiative présidentielle pour l’auto-suffisance alimentaire et la souveraineté alimentaire ; il s’agit pour nous d’emblaver un certain nombre de superficies , de donner des intrants à des producteurs, des semences améliorées produites par nos chercheurs sur place, ce qui aujourd’hui est une satisfaction, parce que les résultats sont au-delà ce que nous avions espéré. Cela témoigne encore que nous avons de bonnes terres et de braves hommes qui savent donc travailler la terre et nourrir les Burkinabè ; ça nous encourage à lancer un autre défi pour 2024. Des engins tels que des tracteurs ont été commandés dans le cadre de l’initiative, les chercheurs ont été renforcés et on continue de les renforcer pour trouver des semences adéquates. C’est l’atteinte de cet objectif qui nous a conduits à ouvrir l’usine de Koupéla en août dernier pour fabriquer des intrants sur place : l’engrais est produit sur place, ce qui permettra de pouvoir baisser le coût au profit donc de nos producteurs.
Dans le même sens, il y a l’offensive agricole qui a été lancée par le ministère de l’Agriculture récemment et ça se poursuit dans toutes les régions du Burkina Faso ; j’invite donc les populations des différents villages à s’impliquer, à aménager tout ce qui est basfonds, toutes les terres afin qu’on puisse produire au maximum dans cette saison qui arrive.
La contre-saison est également lancée dans les points où il y a des eaux de surface et l’accompagnement est fait à travers des semences améliorées produites par nos chercheurs ; certains producteurs ont déjà été dotées de certaines spéculations.
On ne peut pas parler d’agriculture sans donc parler parler de l’agro-alimentaire ; nous sommes entrain d’encourager actuellement tous nos importateurs et tous nos opérateurs économiques à se lancer dans la production et la transformation. Beaucoup d’usines verront le jour pour qu’un certain nombre de produits alimentaires soient produits au Burkina, transformés au Burkina et consommés au Burkina Faso et pourquoi pas, exporter. C’est un défi que nous nous sommes lancés et nous comptons sur cette brave population pour nous accompagner à pouvoir réaliser ce défi. C’est dans ce sens que nous pourrons donc donner beaucoup d’emplois à des jeunes qui sont formés et qui n’arrivent malheureusement pas à exprimer leurs talents parce qu’il n’y pas d’espace qui leur est offert. Dans le même ordre d’idée, le ministère de la Jeunesse a été instruit de mettre un accent sur la formation professionnelle et cette mutation est encours en fédérant toutes les écoles et tous les centres de formation professionnelle pour que nous ayons une meilleure vue de la formation donnée et de ce dont nous avons besoin pour le développement de notre chère patrie.

Camarades,

Parlant donc du développement du commerce, comme vous l’avez suivi la dernière fois, il s’est agi pour nous de faire une analyse de notre situation économique à l’issue de laquelle nous nous sommes rendu compte qu’il faille prendre un certain nombre de mesure. A compter de janvier, un certain nombre de mesures seront prises pas pour mettre la pression ou pour empêcher certains d’exercer leurs fonctions, mais c’est pour le bonheur du Burkina Faso. Il faut que nous créions la richesse pour pouvoir employer les jeunes et c’est dans ce sens que nous allons développer le commerce interne ; nos commerçants qui quittent les villes vers les campagnes, nous allons encourager pour que les produits qui partent vers les campagnes soient produits au Burkina Faso ; donc nous invitons tout un chacun à prendre ces données et à nourrir les projets nécessaires pour qu’en 2024 nous puissions atteindre cet objectif là.
Sur le volet de la coopération, un bon nombre de partenaires ont refusé de nous accompagner, de nous aider à acquérir un minimum d’équipement. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, certains équipements dont nous avons payé les avances auprès de certains pays qui nous sont favorables à nous les livrer, les licences ont été bloquées par d’autres Etats impérialistes qui n’ont aucun intérêt à ce que nous puissions évoluer dans notre guerre.
Par contre, plusieurs autres Etats ont accepté nous ouvrir leurs portes ; c’est le lieu pour moi de les saluer, les remercier pour leur engagement aux côtés du Burkina Faso dans cette lutte.
Ici, en Afrique, nous avons jugé nécessaire de nous mettre ensemble surtout au Sahel parce que nous ne pourrons rien faire sans union ; c’est ce qui a amené donc à la création de l’Alliance des Etats du Sahel, une Alliance de défense à priori mais qui évoluera vers une Alliance économique et bien plus.
L’AES est un espace qui est aujourd’hui victime de terrorisme barbare, violent mais aujourd’hui nous avons compris, les peuples ont compris qu’il faille s’unir et nous invitons les autres Africains, tous ces peuples brimés à s’unir pour pouvoir faire face à l’adversité. Nous défendrons l’espace de l’AES comme si nous défendons nos propres terres ici parce que nous avons décidé de nous unir avec les pays frères du Mali, et du Niger pour faire de nos espaces un seul espace : aller et venir, commercer, ramener la paix et la prospérité la sécurité parce que nos peuples ont droit au bonheur. L’eldorado dont nos peuples rêvent, nous pouvons le créer ici et nous avons confiance en ce peuple.

M’adressant aux travailleurs qui ont déjà consenti beaucoup d’efforts pour le Burkina Faso, je vais encore vous demander plus d’efforts en 2024. Il y aura certaines mesures qui seront prises pour encore accentuer sur la contribution à l’effort de guerre ; ça va toucher les travailleurs du public et du privé et aussi des entreprises surtout sur leur intérêt brut. Le taux sera fixé mais cela va nous permettre de pouvoir augmenter premièrement la prime de nos vaillants VDP d’au moins 35% et deuxièmement leur assurer une certaine assurance-vie de sorte que lorsqu’ils sont blessés ou lorsqu’ils tombent au champ d’honneur, que la prise en charge soit meilleure que ce que nous connaissons. Donc, il y auras plus de sacrifices qui doivent être consentis à l’endroit de ces vaillantes populations qui ont accepté répondre et qui se battent jour et nuit sur le terrain ; c’est le lieu pour moi de leur rendre encore hommage aux différentes forces sur le terrain pour leur contribution et pour leur accompagnement. Merci à vous.
Je ne saurais terminer mon propos sans remercier toutes ces forces combattantes qui se battent sur le terrain jour et nuit pour que nous, à l’arrière puissions, nous vaquer à nos occupations ; je remercie remercier donc tous ces travailleurs, commerçants, paysans et éleveurs qui se battent aussi et qui contribuent à ce que nous puissions mener cette guerre et libérer nos terres.
Vive le Burkina Faso
La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Capitaine Ibrahim Traoré
Président de la Transition
Chef de l’Etat
Kaceto.net