Pour l’auteur de cette tribune, le problème n’est pas dans le salaire du ministre de l’Economie, des finances et du développement, -certes élevé comparativement au revenu moyen des ménages-, mais dans dans le gaspillage des moyens dans l’administration publique

« Au cours d’une conférence de presse tenue le jeudi 7 juin 2018, La CS-MEF a divulgué le salaire de dame Rosine COULIBALY, actuelle MINEFID. Il est ressortit qu’elle coûterait mensuellement 8 millions de FCFA au Budget de l’Etat.

Il est évident que dans un PPTE comme le Burkina Faso où la consommation annuelle moyenne par ménage est estimée à 2 millions de FCFA, ce salaire peut paraître à priori pour les enfants de Goama, exorbitant.

Pour nous autre qui exerçons dans le secteur de l’économie du savoir, savions que cette rémunération n’est pas extraordinaire d’autant qu’au Burkina Faso des consultants seniors négocient, au bas mot, leur rémunération journalière à 250 000 FCFA et ce, pour une moyenne de 25 jours de travail dans le mois. Le calcul se passe de commentaire.

Comme on dit dans le jargon syndical, il faut élever le niveau du débat. La transparence voulue avec le peuple par divulgation de la sorte du salaire d’un commis de l’Etat est iconoclaste en ce que, en général, les gens sont frileux lorsqu’on leur demande leur dû. Cette divulgation du salaire du MINEFID s’apparente à une tentative d’instrumentalisation de la misère des masses dans une ambiance générale de déficit de confiance interpersonnelle.

Toute chose qui n’exacerbera que les frustrations sociales, racines profondes de l’extrémisme violent. Dans ce combat de gladiateurs entre syndicat et gouvernement, il y a une réalité que l’on ne peut nier : la Fonction publique burkinabè fait dans le social. En effet, l’inefficience caractérise le rendement de notre administration publique. C’est dire qu’il y a du gaspillage des deniers publics liés à l’indélicatesse de certains travailleurs. Du reste pour se faire bonne conscience, la boutade selon laquelle « la fonction publique n’est pas le champ du papa de quelqu’un » n’est-elle pas d’ailleurs servie aux usagers du service public ?

Somme toute, c’est un argument fallacieux qui témoigne d’une défaite sur le terrain de l’argumentaire. Nous bénéficiaires des biens et services publics, attendons que la modernisation de la Fonction Publique inscrite dans le programme présidentiel de Son excellence Roch Marc Christian Kaboré, minimise effectivement les inefficacités et inefficiences de l’administration publique dont les Fonds communs (FC) ne sont que la partie visible de l’iceberg. N’y a-t-il pas de passagers clandestins parmi les bénéficiaires de ces fameux FC ?

Plus généralement, il s’agira, en plus de créer les conditions d’une saine concurrence entre les burkinabè. Car le yango burkinabè qui a pion sur rue nous conduira inéluctablement droit au mur.

Bemahoun Honko Roger Judicaël,
Statisticien/expert