Ancien diplomate, Lassina Fofana a préféré renoncer aux salons feutrés pour se lancer dans l’entrepreneuriat, en créant Hera Sira, qui signifie « Le Chemin du bonheur » en bambara, une langue parlée au Burkina et dans la sous-région ouest-africaine. Hera Sira est domiciliée à Ouaga 2000 et à Créteil, en France (1). A Ouaga, elle réalise des projets immobiliers pour les Burkinabè de l’extérieur, des ONG et des personnes physiques ou morales. A Créteil, elle propose des services d’assistance aux personnes en situation fragile (atteintes de handicap, personne âgée ayant perdu l’autonomie, enfants, etc.)
Bilan d’étape d’une une aventure qui dure depuis maintenant cinq ans

Quel bilan pouvez-vous faire depuis le lancement de Hera Sira il y a cinq (5) ans ?

Dès le lancement de la société en 2011, beaucoup de gens sont venus vers nous pour nous confier la construction ou la location de leur maison. A l’époque, nous avions mis en place un système comprenant le référent du client qui était chargé aussi de lui rendre compte de l’avancement des travaux en même temps que nous. A l’expérience, cette formule nous a causés pas mal de soucis, parce les référents ne voulaient plus se contenter du rôle qu’ils devaient jouer, pendant que faisons le travail. Résultat, il arrivait fréquemment qu’ils envoient des informations à leurs parents ou amis qui ne sont pas totalement exactes et qui ne correspondent pas aux nôtres. Il fallait donc observer une pause pour faire le point et voir comment mieux travailler avec le porteur du projet qui est à l’étranger et son référent qui est sur place. Je peux dire qu’aujourd’hui, ça va mieux. Nous nous sommes mis d’accord : si quelqu’un accepte d’être le référent d’un porteur de projet, il doit s’impliquer dans sa réalisation. Désormais, nous nous retrouvons tous pour préparer le projet ensemble, puis, on achète les matériaux ensemble et très souvent, on se retrouve également sur le chantier ensemble. Nous avons donc les mêmes informations que chacun transmet de son côté au porteur du projet.
Mais, parmi les clients, certains ont carrément opté de ne pas avoir de référent sur place et travaillent directement avec nous en toute confiance. Pour eux, le système impliquant un référent n’est pas efficace. Et puis, avec l’Internet, on leur envoie régulièrement des photos sur l’évolution du chantier, et quand certains sont de passage, ils viennent constater et vérifier que ce qu’on leur a envoyé est conforme à la réalité. Pour notre part, nous sommes disponibles à tout moment pour apporter les informations dont le client a besoin. Nous n’avons rien à cacher, et d’ailleurs, on n’y a aucun intérêt !

Combien de clients avez-vous dans le portefeuille actuellement ?

Nous venons de terminer deux immeubles R+1 et nous sommes actuellement à la phase des fondations d’un autre grand bâtiment. Mais dans nos activités, la demande la plus forte actuellement porte sur la location de maisons. De nombreuses personnes, y compris des gens qui sont au Burkina, mais pas nécessairement à Ouagadougou, se sont rendu compte que confier la gestion de la location de leur maison à un parent ou ami, n’est pas forcément une bonne option. Soit, l’ami ou le parent récupère l’argent de la location et ne le transfère pas sur le compte du propriétaire, soit il écoute les complaintes du locataire qui dit qu’il a des problèmes. De report en report, on se retrouve avec des arriérés parfois de six (6) mois, et ça devient difficile de récupérer l’argent.
Avec Hera Sira, les choses sont simples. Notre message aux locataires est clair : nous ne sommes pas propriétaires de la maison et notre mission est de gérer la location. Soit, vous payez, soit vous quittez ! Au besoin, notre avocat intervient et fait venir un huissier pour faire le constat de la situation et en général, tout entre dans l’ordre. Quant le locataire est expulsé pour non paiement, il doit quand-même rembourser la somme correspondant au montant impayé ; dans ce cas, nous saisissons la gendarmerie afin que la personne fasse une reconnaissance de dette et paie. La maison ne nous appartient pas et on le dit clairement et fermement aux locataires. Nous n’avons pas de sentiments pour ceux qui ne veulent pas payer.
Dès que nous percevons le prix du loyer, on dépose directement l’argent sur le compte du client avec les références qu’il nous aura communiquées, en déduisant bien entendu, notre commission. S’il y a des travaux à faire, on le prévient afin qu’il les fasse faire à temps.

Qu’en est-il de l’autre activité de Hera Sira, la recherche de parcelles à la demande des clients ?

Nous recevons là aussi des demandes, mais le problème est que les parcelles coûtent cher. Avant, avec la Sonatur, les choses étaient simples : on remplissait les demandes et on faisait ce qu’il fallait pour obtenir des parcelles pour les clients. Mais actuellement, c’est un peu difficile, même dans les quartiers périphériques non viabilisées. On trouve des parcelles qui coûtent 6, 7, ou même 10 millions F CFA, sans eau et sans électricité. Il faut espérer qu’avec la reprise des opérations de lotissement, les prix vont baisser.

En dehors de Ouagadougou, avez-vous des marchés dans d’autres villes ?

Nous avons construit des maisons de deux, trois pièces à Bobo-Dioulasso et dans des villages, mais la demande n’est très faible. Dans un village par exemple que je ne citerai pas, parce que les habitants de la localité reconnaitront facilement le fautif, des briques avaient été faites depuis des mois, mais la construction de la maison tardait à commencer. Las d’attendre, le propriétaire nous a contactés et quand nous avons pris les choses en main, ça n’a pas trainé. Et quelque temps après, j’étais heureux de voir que c’est dans cette maison que les invités ont été accueillis lors d’une cérémonie. C’était un plaisir car on avait le sentiment d’avoir fait œuvre utile.
En général, nos clients viennent de la zone Europe et de l’Amérique du nord, mais il y a aussi les compatriotes qui sont dans les organisations internationales. Nous avons prospecté dans des pays comme le Mali et le Ghana, mais pas encore en Côte d’Ivoire.

Vous avez aussi créé une autre société de prestations de services à la personne, dénommée aussi Hera Sira. De quoi s’agit-il exactement ?

C’est exact ! Cette société est de droit français et sa vocation est de proposer des services aux particuliers. Nous sommes présents dans 123 communes dans les départements du Val de Marne, des Hauts de Seine, et depuis avril dernier, à la Seine-Saint-Denis, où nous avons obtenu l’agrément. Partout où nous sommes, les clients apprécient nos services et notre sérieux, et vous pouvez-vous faire une enquête si vous en doutez. Hera Sira propose des services aux personnes âgées, aux familles, aux personnes atteintes de handicaps ou en perte d’autonomie, et aux enfants de 3 ans et plus.

Quels sont précisément les services que vous proposés ?

Nous proposons l’entretien de la maison au quotidien (repassage, ménage), l’aide au repas, à la toilette, l’assistance et l’accompagnement aux transports en commun.
Je peux vous dire que la demande est là, la France étant un pays avec une forte proportion importante de personnes âgées.
A la demande, nous assurons la garde des enfants, le soutien éducatif, la garde des malades et le soutien à la parentalité. Il s’agit d’un accompagnement social au profit de personnes en situation fragile. Nous enregistrons beaucoup de demandes surtout pour l’assistance et l’accompagnement des enfants (Transports en commun, train, métro, bus), le transport en véhicule de leur lieu de placement au domicile des parents ou de la famille d’accueil. Aujourd’hui, notre société, Hera Sira est reconnue comme référent dans les départements du 93 et 94 à travers les services de l’aide social à l’enfance (ASE) du Conseil général des deux départements.
Le personnel est composé essentiellement de personnes ayant une formation dans le travail médico-social.
J’ai essayé de proposer des services à la personne au Burkina, mais à l’expérience, ça ne valait pas le coup car, les gens trouvent toujours une personne à tout faire pour pas grand-chose, et je ne peux pas jouer à ce jeu.


Le gouvernement a décidé récemment d’éponger la dette intérieure de l’Etat. C’est une bonne nouvelle…

C’est une très bonne nouvelle (Rires), mais on attend de voir ; il faut que ça soit concrétisé car c’est difficile pour les petites entreprises comme nous, puisque les banques ne sont pas d’un grand secours. Elles n’aident pas les entreprises, surtout celles qui n’ont pas d’entrées régulières, même quand on présente des factures en instance de paiement ! Donc, si le gouvernement paie ce qu’il doit aux entreprises, ça va nous apporter une vraie bouffée d’oxygène.

Propos recueillis par Joachim Vokouma
Kecato.net

(1)Contacts de Hera Sira :
Bureaux au Burkina
12 BP 425 Ouagadougou 12
Tel : +226 25 47 11 03 / Portable +226 79 08 55 77/ +33 6 24 56 57 45
Fax : + 226 25 37 47 88

En France
Siège sociale : 2, Rue Antoine Etex ; 94 000 Créteil
Bureaux : 2, Rue Antoine Etex ; 94 000 Créteil
130-132 Rue de Normandie ; 92400 Courbevoie
41, Rue de Delizy, les Diamants ; Building B, 93692 Pantin Cedex
Tel : + 33 1 72 46 08 29 ; Fax : +33 1 72 46 08 29 ; Portable : +33 6 24 56 57 45
Mail : info@herasira.com
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