Le procès du coup d’état manqué de septembre 2015 s’est ouvert le mardi 27 février 2018 dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Dès l’entame, c’est la légalité du tribunal qui a été soulevé par les avocats de la défense obligeant le tribunal a suspendre. A la reprise, aucune évolution concrète n’a été constatée et tribunal décide de renvoyer le procès à une date ultérieur.

Ils étaient nombreux à prendre d’assaut la salle des banquets de Ouaga 2000 pour être des témoins oculaires du procès historique du Général Gilbert Diendéré, auteur du coup d’Etat de septembre 2015 et de 83 autres accusés, dont 66 militaires et 18 civils . Aux environs de 8h20 minutes, les accusés font leur arrivée dans la salle avec à leur tête le général Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé. Vêtu d’une tenue militaire, le Gilbert Diendéré semble avoir le moral haut et cela manifeste à travers sa manière de saluer l’assistance, ce qui lui a valu quelques applaudissements. A 9 heures 15mn, le tribunal avec à sa tête Seydou Ouédraogo fait son entrée dans la salle des banquets. Avant de s’attaquer aux choses sérieuses, le tribunal procède à l’appel des accusés d’abord et la partie civile ensuite. Quatre personnes sont absentes, neuf autres étant en fuite. Les juges estiment que ces absences n’empêchent pas le tribunal de sièger.
La deuxième étape a été la mise en place de la Cour devant juger les accusés. Selon l’article 15 du code de justice militaire, un officier subalterne ne peut pas juger son supérieur hiérarchique. Or, dans le cas précis de ce procès, le général Gilbert Diendéré portant le grade de Général de brigade, il faut 3 généraux de division pour constituer la Cour. Là, commence un autre épisode du procès. Les Généraux Ali Traoré, Brice Bayala, Ibrahim Traoré et Kouamé Lougué sont récusés. Les trois premiers sont cités comme témoins par Diendéré et le dernier parce que, selon la défense, son épouse avait eu l’intention, après l’insurrection populaire d’octobre 2014, de porter plainte contre le général Gibert Diendéré qu’elle tiendrait pour responsable de l’incident qui a failli coûter la vie à son mari lorsque ce dernier s’était présenté le 2 novembre 2014 à la télévision dans l’intention de se déclarer président après la démission de Blaise Compaoré.

Au final, tous les Généraux de division, appelés n’étaient pas éligibles, à l’exception de Djigmdé Tinga Robert, les autres étant cités comme témoin par Diendéré. Le quorum des trois généraux n’étant pas atteint, le président du tribunal décide de se référer à une autre disposition du code du tribunal militaire pour permettre aux officiers inférieurs de juger leur supérieur. Ainsi naît un débat de droit entre les avocats de la défense et les avocats de la partie civile. Les premiers jugent illégale la décision du président du tribunal et les seconds soutiennent le président dans sa position. N’ayant pas trouvé de consensus, Seydou Ouédraogo suspend la séance pour délibérer.
De retour de la pause, la position du tribunal n’a pas changée. les juges décident ainsi de poursuivre la mise en place de la Cour. Face à cette situation, les avocats de la défense se retirent de la salle, obligeant le tribunal à renvoyer le procès à une date ultérieure.
En plus du débat sur la composition de la Cour, les avocats de la défense ont aussi jugé illégale la présence du président du tribunal. Pour eux, la nomination de Seydou Ouédraogo n’est pas entrée en vigueur, donc il ne peut pas diriger ce procès. A en croire un des avocats, le décret portant nomination du président du tribunal militaire a été publié dans le journal officiel du Faso le 22 février 2018. Or les textes exigent qu’après publication du décret, il faut 8 jours pour que cela entre en vigueur. Ce délai n’étant respecté, l’avocat conclut que « la loi qui devait vous permettre d’être ici n’est pas en vigueur, vous ne devez pas être ici ».

Il faudra donc attendre encore dans les jours à venir pour comprendre les tournures de ce procès. Les responsables des associations des victimes présents au lieu du procès quant à eux demandent la manifestation de la vérité.

M’pempé Bernard HIEN
Kaceto.net